Avec un pédigrée de Rennais et un nom qui fleure le particularisme ultra local on pourrait s’attendre à une farce heureuse et riche musicalement lorsque l’on découvre Druids of The Gué Charette et leur album Talking To The Moon.
Il suffit d’aller voir leur biographie Facebook ou Bancamp pour apprendre notamment qu’ils sont “les porte-parole d’une secte païenne polythéiste bretonne prônant la consommation hallucinogène de Suze dans les bars-tabacs, l’instauration d’un empire communiste galactique par la force des armes, ainsi que la béatification des tortues ninjas.” Et figure toi qu’il y a un peu de ça. Druids of Gué Charette c’est une bande de potes qui invoquent leur Bretagne natale vêtus de robes de druides,mais il y a du sérieux là dessous. On comprend vite que sous le capuchon de bure les gars doivent porter veste en cuir et casquette à clous.
Il est compliqué de définir les druides, ces êtres étranges et polymorphe sont bien prompts à se transformer et c’est exactement ce que fait le présent groupe en jouant sur tous les tableaux du rock. Avec son chant chuinté tel qu’on n’en avait pas entendu depuis Besnehard et Akhenaton, ça part dans tous les sens, on retrouve des bouts de Stooges, de Doors, de Joy Division, de Black Sab’ des sons inspirés d’éléctro et d’un tas d’autres trucs pop désuets. Les pistes sont des brûlots ne dépassant qu’occasionnellement les quatre minutes, soit un condensé de rock et de psyché efficace
Il s’en serait fallu de peu pour que ce groupe ne figure même pas chez nous la filiation avec lnotre ligne éditoriale n’étant pas si évidente que la promo du groupe voudrait le laisser croire.Il y a bien le rocailleux de la voie, le groove de la basse, les effets psyché qui ponctuent la galette, mais on est aux limites du monde connu pour l’auditeur puriste et borné qui n’aura plus qu’a se tourner vers des groupes comme Ecstatic Vision et à se pencher de toute urgence sur la piste “It’s Alright To Fail Sometimes”
Mais voilà dans notre télescope on a regardé la lune où danse un monde post rockabilly totalement allumé à l’infusion de racine de gentiane. Ce monde danse au son de “Talking To The Moon” comme il aurait pu danser il y a encore quelques temps au son de The Texas Chainsaw Dust Lovers, autre enfant d’un monde musical riche et sans limite.
Lorsque sur “Parasite” la basse donne le tempo et que la batterie vient la doubler, la montée en puissance se fait par pallier, jusqu’à ce que le chant retrouve sa constante swingue et que la gratte étrille l’auditeur et il y a indéniablement un fond de ce qui fait notre orientation chez Desert-Rock, mais le groupe brouille si bien les pistes qu’on a du mal à déceler systématiquement quoi .
On pourrait chercher à justifier une audition répétée et ces quelques lignes quasi hors sujet et je n’en trouve pas d’autre que le plaisir d’avoir eu entre les oreilles une plaque bien foutue et hors norme, l’œuvre d’une assemblée qui se définit comme anti super groupe et ne ment pas sur ce point ni sur le reste d’ailleurs. Talking to the moon est un album franc du collier et il danse nu dans la nuit faisant prendre l’air à une musique psychédélique bien trop souvent ralentie dans sa progression.
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