Dunsmuir – Dunsmuir


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On sait vraiment peu de choses sur Dunsmuir. Clairement, le groupe (projet ?) dont on entendait des rumeurs d’existence depuis quelques années, a commencé à faire le buzz en ce début d’année avec l’arrivée de quelques premières bribes de son. Un buzz clairement lié à la présence au micro de Neil Fallon – autre illustration si besoin de la notoriété atteinte par Clutch depuis quelques années. Autour de lui, pour autant, on ne trouve pas vraiment des perdreaux de l’année : Brad Davis, le bassiste de Fu Manchu, Dave Bone, le guitariste de The Company Band (autre projet où officient Fallon et… Brad Davis !) viennent épauler le vocaliste, tandis que Vinny Appice vient compléter la section rythmique, en apportant le poids de son expérience derrière les futs… et quelle expérience ! Appice, mythique mercenaire des baguettes, a martelé les toms de Black Sabbath et Dio, et des dizaines (aucune exagération) d’autres groupes ou projets hard rock et metal depuis plusieurs décennies (oui, le gars arrive sur sa soixantaine de printemps, quand même). Une pointure, quoi, que le trio a contacté sur le tard pour compléter le line up idéal qu’ils avaient en tête pour le groupe. Donc oui, sur le papier, Dunsmuir suscite la curiosité.

Composé et enregistré à l’arrache (la distance géographique étant comme souvent compensée par des échanges de fichiers électroniques), l’album se voit sortir cet été en pur mode DIY (sur un label obscur, Hall of Records, probablement bricolé par nos lascars). On avait eu un avant-goût il y a quelques mois de la musique du groupe, via ce single comportant deux premiers extraits de l’album : « Our Only Master » et « The Bats (are Hungry Tonight) ». Il s’avère par ailleurs que ces deux titres proposent un très bon résumé du contenu de l’album – mais nous y reviendrons…

Il y a fort à parier que la plupart des lecteurs de cette chronique se demandent présentement à quel point Dunsmuir est proche musicalement de Clutch, bien sûr. Difficile à dire en réalité : si la contribution de Neil Fallon à la musique de Clutch est aussi significative que celle de ses trois collègues musiciens, il est évident que sa voix porte à elle-seule au moins la moitié du « son » de Clutch – au moins sur une écoute superficielle. Et à ce titre, sur le même principe, les similitudes sont criantes dans les premières écoutes (tout autant qu’elles pouvaient l’être avec The Company Band, par exemple). Après un peu de temps, toutefois, le besoin de nuance s’impose : il s’avère que chaque musicien apporte une pierre bien spécifique à cet édifice finalement plutôt robuste. Inutile d’aborder le cas Fallon, ses vocaux puissants et son phrasé typique apportent énormément à l’identité de Dunsmuir. Dave Bone amène pour sa part des riffs et des plans de guitare incisifs, pointus (« Hung On The Rocks », « Deceiver », « … And Madness », le riff groovy de « Orb of Empire », …), et ne se cache pas dès qu’il s’agit d’aligner un solo ici ou là. Ses lignes sont plus connotées hard rock et metal que pour The Company Band, autre exemple de l’identité propre de Dunsmuir. Brad Davis, peu démonstratif, la joue « team player », et concentre son jeu sur l’efficacité du morceau. Quant à Vinny Appice, gageons que les experts batteurs sauront reconnaître sa patte… Le commun des mortels, lui, notera a minima le poids remarquable de la batterie dans l’alchimie du groupe (voir comment il joue son rôle dans « The Bats (Are Hungry Tonight) », à titre d’illustration), probablement impossible sans un batteur de cette trempe.

Les compos sont massives, plutôt dans la veine des dernières productions de Clutch (pour focaliser vers la référence la plus directe), et efficaces dans la durée (plusieurs écoutes sont nécessaires pour en saisir la pleine valeur). Difficile du coup de mettre la lumière sur certains d’entre eux : on est dans du haut niveau, les gars ne sont pas manchots. On proposera volontiers pour les impatients de se plonger en premier sur le duo « Deceiver » / « … And Madness », ou sur « Crawling Chaos », et notamment sa deuxième partie, plus originale.

Difficile de dire du mal de ce disque en tous les cas : on l’attendait évidemment au tournant (tout le monde n’étant pas fanatique de l’orientation de Clutch ces dernières années, prêt à tomber en embuscade sur la moindre incartade d’un des membres du groupe) mais force est de reconnaître ici sinon l’authenticité, au moins la vraie identité du groupe, à travers ce très bon disque, consistant et cohérent de bout en bout, sans point faible. Trop beau pour être honnête ? Trop hard, pas assez [insérez ici le terme qui vous convient dans la sphère stoner] ? A vous de voir. Mais attention à ne pas trop bouder votre plaisir…

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