Les musiciens d’Elder sont décidément en grande forme depuis la pandémie de 2020. Après leur cinquième opus Omen, un album solo de Nick DiSalvo très introspectif sous le nom de Delving, puis la tant attendue collaboration avec Kadavar sous le nom d’Eldovar, les américains / berlinois d’adoption sont de retour avec leur sixième album Innate Passage ! Les derniers efforts du groupe assumant complètement le virage rock progressif amorcé dès Reflections of a Floating World, inutile de préciser que ce nouvel album vient explorer davantage cette voie (et pour les inconditionnels des débuts du groupe, il ne faut pas oublier que ce virage pouvait déjà se sentir sur des morceaux comme “Ghost Head” ou “Dead Roots Stirring” !)
Si certains aspects d’Omen avait pu me laisser sur ma faim, je dois avouer être tombé complètement sous le charme de ce Innate Passage qui se caractérise dès la première écoute par une maîtrise musicale totale du quatuor et une certaine générosité. Le titre “Endless Return”, exposé il y a quelques semaines, résume parfaitement ce sentiment en multipliant les riffs accrocheurs et entêtants mais aussi en proposant une palette de mélodies variées qui s’enchaînent à la perfection grâce à des transitions naturelles et efficaces. On ne sait où donner de la tête et chaque écoute attire l’oreille sur un élément différent, notamment ces quelques chœurs du chanteur de Samayavo (groupe berlinois, encore !) que l’on retrouve aussi sur “Catastasis”. Ce foisonnement de riffs, mélodies et autres ambiances au clavier ne s’arrête pas à ce simple titre et vient faire la force de titres comme “Catastasis” ou “Merged in Dreams – Ne plus Ultra”. Les solo de guitare sont eux aussi tous plus beaux les uns que les autres et semble pouvoir surgir derrière n’importe quel riff. Le tout porté par un son puissant et chaud où chaque instrument ressort parfaitement. On ressent même un traitement particulier sur la basse qui n’a jamais été aussi présente sur un album d’Elder et qui brille particulièrement par son groove sur “Coalescence” ou sur les murs sonores que sont l’introduction de “Catastasis” et l’outro “Ne plus Ultra”. Cette maîtrise est perceptible aussi sur le chant de Nick qui retrouve une certaine simplicité et qui se place à la perfection sur les différents morceaux de l’album.
Innate Passage propose aussi des passages plus contemplatifs, faisant écho aux expériences Eldovar ou Delving, sur lesquels le groupe prend le temps de développer son univers. La bulle psychédélique qu’est “The Purpose” nous absorbe jusqu’au silence final provoquant l’envie immédiate de relancer l’album alors que “Coalescence” brille par son duo basse / chant ainsi que par la batterie qui fait office de véritable mur porteur sur l’ensemble de l’album. On n’oubliera pas les claviers qui continuent d’aérer les compositions du groupe mais qui viennent aussi se mettre au premier plan avec brio, notamment sur l’outro “Ne plus Ultra” ou sur les morceaux plus rythmés que sont “Catastasis” et “Endless Return”.
Peu de reproches sont à faire sur ce sixième album… Elder semble contrôler à la perfection sa recette rock progressif et continue de la faire évoluer en s’appuyant sur ses anciennes sorties sans rentrer dans l’auto-plagiat. Malgré ces 5 morceaux, Innate Passage frôle l’heure (de bonheur) avec une impression que le voyage aura durée moitié moins de temps. Reste à voir comment le groupe fera rentrer ces nouveautés en concert… Les choix de la setlist vont devenir de plus en plus cornéliens, ou alors il va falloir rajouter trente minutes de show… ce qui ne déplaira à personne !
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Franchement, je les ai vus le 4 novembre à la maroquinerie et je suis reparti avec des papillons et des étoiles plein la tête et les oreilles. Le lendemain, je me suis procuré 3 albums qui passent et repassent. Superbe album avec une affection particulière pour Catastasis, Merged in dreams et The purpose.
Assez d’accord avec la chronique, album intéressant.