Je sais que tu aimes défricher de nouveaux territoires lecteur. Que la sensation d’avoir trouvé la dernière pépite en provenance de la planète stoner te hérisse le poil. Tu éprouves même un ptit plaisir narcissique à la faire découvrir ensuite à tes potes, admiratifs de ta culture musicale. Sache qu’ici, avec les espagnols d’Elephant Riders, on ne ré-invente pas la poudre, on ne fait pas dans la recherche et le développement. Non. Par contre, on bourre son fusil de cartouches ayant déjà fait de gros trous dans le milieu (je laisse volontairement planer le doute sur cette phrase), et on tire franchement dans la cible de ses aînés. Avec dextérité.
La « Supernova » des chevaucheurs de pachyderme est sortie en 2014 et propose une traînée de titres catchy et rock à la manière de papa Clutch. « Dressed in black » nous le prouve d’emblée. Ça galope vite et bien. En deux minutes et des poussières, le combo assène de l’efficacité, une pointe d’aérien dans les ponts, le tout porté par une voix puissante et directive. La galette est parcourue par du riff stoner traditionnel mais efficace. Quand Elephant Riders tape dans le mid-tempo, « Animal Eyes » par exemple, il caresse les plans vocaux et mélodiques d’un ASG, le tout martelé sèchement par une section rythmique précise. De manière générale, on traverse l’album assez agréablement mais sans réelles surprises. Les compos mériteraient plus de prises de risques, notamment sur les structures où l’on tourne en rond, attendant le pont pour un poil de sortie de route. Mais c’est carré, énergique, et l’album pose les fondations pour plus de personnalisation. Pour s’en convaincre, il suffit d’écouter les huit minutes bien étirées de « End of the road ». Arpèges clairs au début, exercice de caisse claire militaire pour annoncer le départ, le sexy espagnol dans la diction anglaise, harmoniques puis mur de riff, solo inspiré, mélancolie éraillée font de ce titre une transition intéressante pour le futur du groupe. Il transpire enfin de réelle conviction intime en finissant sur un blues de guitare inspiré. La tristesse peut être moteur chez Elephant Riders.
Le deux titres, « Challenger/Lone Wolf » paru en 2015, reste dans la lignée de son grand-frère. En bien ou en mal, on retrouve les mêmes ingrédients malaxés dans la galette précédente. Pour s’inscrire dans la durée, le groupe va devoir faire plus s’il veut capter l’attention au milieu de la masse graisseuse et grouillante de groupes stoner qui sévit à l’heure actuelle.
Difficile donc de se démarquer. Le stoner d’Elephant Riders est efficace et puissant mais gagnerait en qualité et en originalité si les espagnols creusaient le sillon de leurs faiblesses personnelles. « Sans maîtrise, la puissance n’est rien » disait Pirelli, ce philosophe pneumatique italien, mais sans faille la musique se désincarne aussi. Gageons que les ibériques évoluent plus sur le prochain album. Mais attention ! Elephant Riders reste un beau défenseur de la scène espagnole et je ne bouderai pas mon plaisir à siroter une petite blonde devant un de leur concert.
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