Achille, héros mythique de la guerre de Troie (Brad Pitt, jupette, trampoline) a un fils, Pyrrhus (qui a surement eu des petits enfants mais on ne sait pas si ces derniers l’appelaient Papyrrhus) qui a donné son nom à un art, la danse en armes, la Pyrrhique, consistant à simuler un combat entre Hoplites, fantassins lourdement armés (300, Zack Snyder, abdos dessinés à la peinture), joutant, chutant et se relevant, simulant la guerre. Cette introduction n’a pas vraiment de rapport avec l’album mais vous non plus vous ne saviez pas ce que veut dire « Pyrrhic » et je vous ai épargné quelques recherches internet. De rien.
Birmingham (Usines, gris, Peaky Blinder, gens moches, heavy metal) est le temple de la musique lourde. Je vous ferais bien une liste des groupes qui en viennent mais ça me prendrait 3 pages. Disons simplement qu’en plus de Sabbath, il s’agit de la ville natale de ni plus ni moins que Judas Priest, Plant, Doom, Robert Plant, John Bonham, Magnum, G.B.H., Phil Lynott, Babylon Zoo, Godflesh, Duran Duran, Benediction, Chicken Shack, Blaze Bayley, Quartz, Napalm Death, The Streets, Anal Nathrakh, Yes, UB40 et Bolt Thrower. Que des cadors (et Godflesh) en somme se sont extraits de la cité ouvrière pour faire régner la lourde musique partout à travers ce que le globe compte de pays pollués. Et depuis juillet 92 (un mois plutôt clément à Birmingham, il fait 7 degrès et il n’avait plu que 23 jours c mois-là) la ville a rajouté Esoteric au panthéon de ses rejetons les plus lents.
Esoteric s’efforce depuis 6 albums à jouer un death funéraire, aussi lent que possible, un magma sombre et désespéré, habilement nommé funeral doom. Ce genre de musique crépusculaire vient avec deux contraintes :
- la longueur des albums, car développer son propos avec des rythmes aussi lents amène forcement à tirer sur la corde du double albums, corde qu’Esoteric s’est enroulé autour du cou depuis bien longtemps, proposant son heure et demi syndicale depuis The Maniac Vale en 2008.
- Le temps de productions entre deux albums, qui chez Esoteric est de 5 ans. On ne parle pas tant de gestation que de digestion à ce niveau là.
Le groupe (Greg Chandler surtout, soyons honnête, tant l’homme qui porte un micro casque sur scène est la vraie tête de l’ésotérisme) semble avoir mis dans A Pyrrhic Existence, tout le désespoir que Birmingham contient (j’y suis allé, y en a à tous les coins de rue, tu marches dedans, ça colle aux bottes c’est l’enfer) et ce qui, au premier abord, ressemble à une impénétrable forteresse de tristesse (faut se fader 1h30 de dépression, y a de quoi flinguer un date, faites attention), finit, au fil des écoutes, par révéler quelques dédales, quelques passages rendant accessible la cité aux voyageurs attentifs. L’album est divisible en deux phases, deux fois 50 minutes, deux pièces d’une même face (ou le contraire) que « Consuming Lies » vient délimiter. Et par touches, la beauté se révèle à celui qui prend le temps d’écouter. Le solo au feeling triste à la fin de « Descent », le riff sur-heavy au bout de 5 minutes 20 de « Consuming Lies” ou l’étouffante fin de « Culmination » suivant l’un des riffs les plus rapides du groupe (qui serait, pour comparaison, l’un des plus lents de Slayer, s’il était d’eux). Un disque aussi lourd que beau sur lequel plane autant Pink Floyd que Satan (le démon pas le groupe). Et je vais m’arrêter là avant que la lecture de cette chronique soit aussi longue que l’écoute de cet album, assurément l’un des plus magistraux de l’année.
Point vinyle :
Season of Mist nous a gratifié de quelques pressages, triples vinyles de superbes factures : black (500 ex), black/red marbled (200 ex) et turquoise (400 ex). Tout est sold out, seul discogs ou un magasin bien intentionné pourra vous dépanner. Mais sur le site du label vous pouvez commander le pin’s. C’est cool aussi.
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Une faute à corriger : qui a donné son nom à un art,