Fiend est l’archétype du groupe qui gagne à être connu. Si si. Dans un monde idéal, il y aurait plus de Fiend et moins de Sabaton, par exemple. Bien sûr il y a d’autres combats plus importants à mener, mais celui de la réhabilitation de ce quatuor d’origines incontrôlées est une mission que Desert-Rock se doit de porter. Pourquoi diable Fiend n’est-il pas (re)connu comme l’un des tout meilleurs groupes de doom en France ? Parce qu’ils le font de manière ancestrale, loin de la surfuzzcherie ambiante et des relents de retro-rock mal plagiés qui semblent être un standard en cette fin de décennie ? Possible. Parce qu’ils ne jouent absolument jamais (une poignée de concerts en presque 15 ans) Probablement. Pourtant le CV des musiciens est loin d’être ridicule : Heitham Al-Sayed est un anglais rompu à la scène fusion anglaise 90’s avec Senser, Nicolas Zivkovich a rejoint DDENT et Michel Bassin, le guitariste, a joué de longues années dans Treponem Pal et prêté main forte parfois à KMFDM et même… Ministry. Même leur premier batteur n’était autre que Simon Doucet, ex Kickback. Bref on est pas loin du pédigrée. Et pourtant. Aglan leur premier album sort en 2009 chez un discret label du sud de la France (Trendkill) et ne remue pas la scène (et pourtant jetez d’urgence une oreille à la chanson « St. Helens »). Leur second effort Onerous, publié en 2013, est même une auto-prod. L’une des auto-prods les mieux produites de l’année (Non mais écoutez moi « Frankenstein, You’re Fired » !). Quelques dates sur Paris (dont un Stoned Gatherings remarqué dans ces pages) et puis silence total. Jusqu’à cette signature chez Deadlight Entertainement, autre label du… Sud de la France, qui semble avoir fait de Seeress, ce troisième album, une priorité. Et tant mieux.
Avec Renaud Lemaître à la batterie, dont la subtilité du jeu sied à ravir au groupe, les quatre garçons toujours pas dans le vent ont mis en boîte un bien bel album. 7 titres, 7 bonnes raisons de s’enthousiasmer. Derrière « Morning Star », tête de gondole évidente du projet, notons « Ancestral Moon » dont les modulations vocales font penser au travail d’Hangman’s Chair ou « Vessels » qui, avec son ambiance post punk et son goût pour l’audace se rapproche des velléités d’Årabrot. Il y a une vraie élégance qui se détache de cet ensemble. Les riffs sont raffinés, les mélodies mémorables, et Al-Sayed arrive toujours, avec sa façon si personnelle de chanter, à faire passer une émotion certaine. Quelques claviers, discrets (« 5th Circuits », le final très expérimental mais néanmoins doom comme c’est pas permis « The Gate ») viennent agrémenter le disque, surtout en sa seconde partie, plus aventureuse.
Espérons donc que Seeress aura enfin une durée de vie digne de ses qualités et que Fiend saura capitaliser sur ses qualités pour enfin se faire connaître des nombreux rompus au genre, qui sauront à coup sûr reconnaître en ce groupe une valeur sûre. C’est en ce sens que le Hellfest 2019, qui a retenu Fiend sur son affiche, prend des allures de tremplin idéal.
Point vinyle :
Deadlight n’a pas décidé de presser de LP pour le moment. Oui c’est frustrant.
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