Nous avons jusqu’ici toujours été séduits par les productions de ce groupe australien au patronyme peu enthousiasmant. Derrière son frontman Paul Holden, les musiciens vont et viennent entre chaque sortie, sans que l’on n’ait senti de vraie fluctuation dans l’inspiration du groupe (ce qui laisse supposer le poids de son influence…). En progression constante, on espérait donc encore une bonne surprise après le déjà excellent The Balance of Nature Shifted sorti il y a deux ans.
Quelques écoutes suffisent à constater que le groupe ne s’est pas perdu en route, solide sur ses fondamentaux. Le premier de ces fondamentaux concerne sa production : sans jamais se départir de son son (un mix basse-batterie très classique mais solide, et une surcouche mélodique à renforts de guitares essentiellement) le groupe injecte une vraie réflexion dans ses choix de prod, sons de guitare, rares mais bienvenues nappes de clavier (pour des plans plus atmosphériques comme sur « Caged Animal » ou old school type orgue 70’s comme en fond sur « Scared »), chœurs parfois… avec l’efficacité comme leitmotiv. Sur ce socle de stoner mélodique nerveux gentiment fuzzé vient se greffer le chant de Holden : mixé bien en avant, il est décisif, sans pour autant se reposer sur une technicité ou originalité hors du commun – au service des compos uniquement. Bref, un savant équilibre, ajusté chanson par chanson, rarement mis à défaut.
Le dernier élément différenciant qui positionne ce You are Weightless dans le haut du panier est cette qualité d’écriture, en tout point remarquable : au bout d’une dizaine d’écoutes l’album devient addictif, et les écoutes suivantes viennent finir l’engrammation des chansons, que l’on se prend à fredonner inconsciemment à tous moments de la journée ensuite. Le phénomène est d’autant plus impressionnant avec le recul qu’il s’applique à 80% de l’album (il faut dire qu’avec 7 titres et 40 minutes de musique, Foot n’a pas pris le loisir de faire du gras, tout va à l’essentiel). Votre serviteur goûte un peu moins les mid-tempo (pourtant très catchy) que sont « Fire Dance » et « Caged Animal », mais difficile de critiquer le très malin « Gold Lion », « I’ll be just fine » (un riff impeccable, illuminé par un arrangement presque power pop brillant et un final de toute beauté avec une section de cordes en fond), ou encore le très heavy « Impossible ». Et que dire de ce prodigieux « Bitter », petite perle de robot rock groovy imparable, dont le lick de guitare (qui rappellera les meilleures inspirations de Josh Homme du début du siècle ou encore les illuminations plus récentes de Patròn) aura bien du mal à vous sortir de la tête.
Ce nouveau Foot, probablement leur meilleure galette à ce jour, est non seulement un excellent point d’entrée pour redécouvrir le quatuor de Melbourne, mais surtout un très bon album tout court. Il a de quoi séduire tout amateur d’un stoner rock travaillé, mélodique et efficace.
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