En banlieue d’une ville texane, l’endroit semble désert, abandonné. Toute forme de vie paraît avoir quitté les lieux, même la végétation qui a ici repris ses droits se meurt. Un grondement se fait sentir, cela vient de cette maison. Le parvis est prêt à céder sous nos pas. Dégondée, la porte s’ouvre sur un intérieur dévasté, une horde est passée par ici. Le grondement continue… plus fort… De l’escalier qui mène au sous-sol, émane un épais nuage de fumée. La lumière est faible mais suffisante pour discerner des formes, des visages. La horde… Ce grondement… La fumée… Un groupe émerge de cette masse : Funeral Horse joue son Sinister Rites of the Master.
L’audience est comateuse. Leurs corps ne répondent plus qu’au trio texan qui les emmène par doom et par vaux à grands coups de savates punks bien placées. L’intro de « Until The Last Nation Falls » eu à peine le temps de leurs glacer le sang, que le mid-tempo du riff principal suintant le garage les avait scotchés avant le break proto-groovy-metal qui acheva ainsi l’œuvre séductrice de ces trois démons.
Cette séduction nous ne la connaissons que trop. Celle de cette âme rock qui se plaît à posséder les esprits des plus jeunes groupes. Celle qui anime de son feu sacré des troupeaux entiers de fervents disciples du son. Doom dans son atmosphère, punk dans son attitude, blues crasseux dans son ressenti, voire apaisant le temps d’un interlude. Quel que soit sa forme, c’est bien de lui que l’on parle. Ce rock qui vous salue du majeur quand il vous croise. Celui qui s’affranchit des bonnes manières. Celui qui dit « Fuck you I’m not famous ». Celui qui ne rebouche pas le dentifrice après utilisation. Cet esprit plane au dessus de nos têtes, se mêlant aux nappes de brouillard psychoactif.
Après la mise en transe de « Amputate The Hands of Thieves » qui accoucha d’un riff monolithique, l’harmonica mélancolico-funèbre de « Communist’s Blues » a dépecé les dernières particules de résistance qu’offrait notre raison. La rythmique en béton de « Executionner of Kings » ne saurait remettre les pièces en place. Nous n’avons que trop flirté avec le groupe, nous voilà aussi possédés. Avec une production brute, les titres sont aussi directs que prenants avec pour chacun des petites perles d’arrangements : samples, guest vocal, ou tout simplement par la maîtrise des instruments. Faisant fis des règles, c’est une large gamme d’influence qui fusionne et virevolte.
Inclassable et qui ne cherche pas à être classé, Funeral Horse assène en 28 minutes, sept coups de butoir, dont une reprise vite pliée mais bien appropriée de « The Working Man » de Rush, qui leur ouvrent les portes pour faire ce que bon leur semble. Hâte d’entendre leur prochaine prédication.
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