Le moins que l’on puisse dire avec Graveyard, c’est que le groupe entretient une intimité toute particulière avec la faucheuse. Déjà, il nait des cendres de Norrsken il y a dix ans de cela en compagnie de son ténébreux frère Witchcraft. De cette nécromancie découlent quatre albums qui connaissent le succès. Hélas, le sombre enchantement perd de son pouvoir et en septembre 2016, Graveyard annonce sa séparation pour « différends au sein du groupe ». Toutefois, ne voulant toujours pas d’eux dans son royaume, la mort les renvoie sous le soleil et en Mai 2018, nos chers Suédois sortent leur cinquième album, sobrement intitulé Peace.
Pour l’occasion, le groupe s’offre un nouveau batteur nommé Oskar Bergenheim. Et pas la moitié d’un énervé. Dès les premiers instants de « It Ain’t Over Yet », on perçoit toute la vivacité du bonhomme. Ce premier titre dépourvu d’intro nous propulse illico dans un classique rock au groove certain et à l’énergie indéniable. Une énergie retrouvée dans « Walk On », invoquée par un jeu subtile d’accents sur la caisse claire et de toms harcelés. Ce même morceau dévoile en fin de parcours une séquence Deep Purplesque à souhait. Oskar joue à volume minimum, accompagné par la basse galopante et nerveuse de Truls Mörck. Une séquence fiévreuse qui débouche finalement à nouveau sur le refrain.
Néanmoins, si de nombreux titres déménagent, d’autres comme « See the Day » se rapprochent davantage du propos onirique en offrant de douces mélodies et un chant aussi clair que le rire d’un nouveau-né. Tout comme avec « Del Manic », on revient à la période Blues du groupe façon crooner.
Qu’il s’agisse de la voix de Joakin Nilsson ou de celle de Truls mörk, la narration se révèle très accessible. On côtoie en permanence la sensation que quelque chose est en train de se passer ; que derrière les riffs et les mélodies, une histoire se raconte. Une histoire que chacun se figurera à sa façon. On pense notamment à l’ensoleillé « Bird of Paradise », ou dans un autre style à « Please Don’t ». Ce morceau à la lourdeur assumée qui n’est d’ailleurs pas sans rappeler les constructions burnées de Clutch.
On retient donc une alliance subtile de plusieurs genres. Un son retro aux constructions classiques, paré d’un super groove et assimilé à un psyché parfois méditatif mais toujours sincère. Cet album c’est aussi des teintes très bluesy qui, bien moins présentes que par le passé, viennent colorer l’ensemble et finalement, le dynamisent. Une réussite donc pour le groupe sorti de la tombe et qui, sans forcément triompher dans l’innovation, aura tout gagné de son séjour dans l’au-delà.
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