Güacho – Vol.II (Historias de Viajeros)


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J’ouvre la fenêtre de la portière et un vent chaud s’engouffre dans l’habitacle de cette camionnette qui m’emmène où elle pourra. Parti sur un coup de tête, sans trop savoir pour où, ni pourquoi, je me retrouve à fixer une ligne d’horizon qui ne cesse de reculer à mesure que mon tacot avale les kilomètres brûlant. Un voyage ? Une quête ? Peu importe. Ce que je sais c’est que mon histoire se déroule à la vitesse argentine des compos de Güacho. Des histoires de voyageurs, voilà ce que propose le combo dans son Vol. II, et il les raconte de merveilleuse manière.

Le trio ouvre son second effort par un chœur d’hommes paumés, un blues introductif à la « O’Brother », des souliers usés qui martèlent la route vers une éventuelle rédemption. Cette dernière se trouve être le but ultime de la galette. Et pour se racheter les musiciens de Güacho tissent des riffs aériens et mélancoliques. « Blus para un planeta rojo » n’est pas sans rappeler les bijoux d’écriture que sont les dernières compositions de Dwellers. Le titre sent la poussière mais s’extirpe de la suffocation par une série de riffs limpides et une volonté de pousser quelques simples idées jusqu’à leur quintessence. Soutenu par une basse merveilleuse d’expressivité, ce morceau est un parfait résumé du savoir-faire argentin. Mais le karma nécessite tout de même quelques sacrifices et violences que n’hésite pas à s’infliger le trio. Des titres tels que « El hambre y la sed » ou « El Principio de Caminar » poussent les guitares à donner du gain aux oiseaux de passages que nous sommes. La machine s’emballe, semblant dévier le train de marchandises vers des territoires plus blues-rock, taquinant le Greenleaf par-ci et le Hendrix par là.

Périple et péripéties, chant et contre-chants, la part belle faite aux voix par Güacho est partie prenante du voyage. Le lead singer raconte. De fait, on ne surprend jamais de hurlements, non, la narration est mélancolique, plaintive, elle chevrote de temps à autres, « Ciervo Negro » par exemple. Elle s’émerveille du panorama qui se dessine sous la cohérence de la section rythmique. Il faut accepter cette voix qui conte, cette nonchalance que ne renierait pas les espagnols d’El Columpio Asesino. Les huit titres du Vol.II sont parcourus par un travail de contre-voix, de chœurs, comme autant de personnages croisés, de vies traversées. Fugace mais intime, le travail se dévoile au fur et à mesure des écoutes, dévoilant sa minutie et son importance dans le mix, très bien équilibré par ailleurs.

La quête des argentins ne semble cependant pas vouée à l’échec. On sent le salut au bout du voyage, une envie majeure d’en découdre avec le destin. « A nadie », « El Camino » et « Atardecer Venemo » transpirent l’espoir par des tonalités moins plaintives et mélancoliques que le reste de l’album. Une ouverture d’accords qui permet de respirer, de regarder un peu en l’air, de se prendre une bouffée de liberté qui nous poussera un peu plus loin. Encore.

Voilà, le plein de la camionnette est fait, j’ai acheté une carte routière pour aller je-ne-sais-où, et j’ai des argentins pour m’accompagner. Belle surprise que cet album, et beau trio que ces Güacho. On embarque facilement dans leur univers, marquant le trio à la culotte, curieux de ses pérégrinations et avide de nouvelles histoires. J’vous laisse, j’ai de la route à faire, mais si vous voulez venir, c’est avec plaisir.

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