Les pochettes d’album de Hangman’s Chair sont toujours un excellent indicateur du contenu que les parisiens cherchent à distiller au gré de leurs livraisons. Celle du nouvel opus Banlieue Triste ne déroge pas à la règle. Un homme tête baissée, inexistante même, jambes écartées. Un contrôle ? Une posture d’abandon ? Une caravane posée devant un pavillon, cernée par des immeubles, changement immuable de nos périphéries des années 70-80 et son cortège de pertes de repères. L’analyse est succincte bien sûr mais représentative de Banlieue Triste.
L’album est un condensé de tout cela. La patine déjà. Marquée, scellée même, par une production typée. Les guitares, leur réverbération, cette caisse claire, on nage dans les années 80 sur toute une partie spectrale du champ auditif. Contrebalancée bien sûr par un traitement massif des efforts saturés (cette basse tudieu !). L’écrin respecte donc la grammaire esthétique que Hangman’s Chair entend développer depuis son précédent effort et qui participe fortement à son identité.
Le tout sert les compétences du quartet. On le sait maintenant. Les gonzes savent écrire des riffs, des complaintes, des chansons. Et des putains de bonnes même. Tellement qu’on aimerait les entendre en acoustique soutenues par la voix merveilleuse de Cédric Toufouti.
Après une première partie d’album dantesque où le point culminant « Touch the Razor – Tara – 040916 » nous laisse exsangues, coupés en petites lamelles, dépecés devant la maîtrise de son ambition, sa capacité à gérer une tension coupée au cordeau, Banlieue Triste s’essouffle quelque peu à l’écoute en seconde partie. La faute peut-être à son point de vue esthétique et sonore étouffant trop le propos. L’exercice instrumental de « Sidi Bel Abbes » par exemple tourne en rond et se cherche un peu trop à notre goût, écrasé par une production par trop envahissante.
Alors certes, Banlieue Triste n’a peut-être pas la consistance de son prédécesseur, le liant y est peut-être moins prégnant mais le nouvel effort des parisiens n’en reste pas moins une suite solide, élégante et forte. La carrière du quartet semble épouser ses envies. On y ressent le besoin de s’élever, de décoller les deux pieds du sol, de s’extirper de la poisse. Hangman’s Chair n’ira jamais tutoyer les étoiles musicalement, tel n’est pas son credo. Sa musique sera toujours puissante, lourde, le combo cherchera, j’en suis sûr ou je l’espère, à intégrer plus de sagesse et de douceur à sa mélancolie future. Amer béton.
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