Hooded Menace – Darkness Drips Forth


hoodedmen

Si le doom metal – pour d’évidentes raisons rythmiques – s’est acoquiné au fil des années avec le stoner rock, il reste, dans son essence première, un cousin des autres scènes extrêmes, death et black metal en tête. De par ses préoccupations morbides et la noirceur de son esthétique, le doom n’est finalement qu’une lente émanation du métal, tout comme le death et le black en sont des mutations rapides et radicales. Ainsi de nombreux groupes ont créé des ponts entre ces genres : citons Winter, Skepticism, Disembowelment ou Thorr’s Hammer pour les plus sombres et les plus passionnants. Hooded Menace, quatuor finlandais formé en 2007 par Lasse Pyykkö pousse le genre dans ses plus lents retranchements, installant des ambiances d’apocalypse à grands renforts de riffs que n’aurait pas renié Electric Wizard, dans une ambiance tenant plus des entrailles de l’enfer que de la réunion de drogués sataniques. Le groupe débute chez Doomentia, label Tchèque dont la notoriété se fera grâce à la publication de Fulfill the Curse le premier effort d’Hooded Menace. Mais c’est avec Never Cross The Dead, sorti en 2010 chez Profound Lore Records que la formation finlandaise tiendra son meilleur album. Passé depuis chez Relapse Records et devenu un poids lourd  du genre, le projet de Lasse Pyykkö est aujourd’hui incontournable.

Après Effigies Of Evil (2012) et un EP (Labyrinth Of Carrion Breeze/2014 chez Doomentia), Hooded Menace revient avec Darkness Drips Forth, suite logique d’une discographie aussi monolithique que passionnante.

Pour sa nouvelle livraison, deux points sont notables : tout d’abord, l’arrivée d’une seconde guitare, tenue par Teemu Hannonen, compère de Pyykkö depuis le début des 90’s au sein de Phlegethon notamment. Par cet apport, le disque gagne en profondeur, jouant à fond sur les harmonies de guitares. L’autre nouveauté réside en la longueur des titres : en effet, Darkness Drips Forth ne contient que quatre titres, cherchant tous dans les dix minutes et le rendu n’en est que meilleur.

Dès l’introduction, entre cloches mortuaires et guitares dissonantes, le groupe fait allégeance à Cathedral, convoque une nuit éternelle et entraine l’auditoire vers les bas fonds, dans un growl déchirant. « Blood For The Burning Oath / Dungeons of The Disembodied » écrase, compresse et démembre sans pitié. Si le son semble moins caverneux (plus death metal ?) que sur l’insurpassable Never Cross The Dead, le fait que les ambiances des morceaux s’étalent sur de plus longues plages est appréciable. L’ambiance glaçante de « Elysium of Dripping Death » ou la porté mélodique de « Beyond Deserted Flesh » (la chanson la plus rapide de l’album) prennent alors des allures d’odyssées morbides et l’album dans son ensemble en sort grandit.

En l’absence des références du genre, Winter ou Disembowelment, Hooded Menace hante désormais le donjon du death/doom et Darkness Drips Forth est un rempart supplémentaire à la forteresse qu’Hooded Menace s’est construite, voyant la concurrence s’écraser contre ses murs en une masse informe de corps tuméfiés, remuant, de ça, de là, en petits clapotis dans une marre de sang.

 

Point Vinyle :

Relapse propose le LP en 4 versions : Clear (100), Swamp Green/Olive Green Merge (500), Silver (250). La couleur Silver est l’édition spécial 25ème anniversaire du label qui a été proposée sur la plupart des sorties et rééditions de l’année.

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