Howard – Obstacle


Quel exercice plus délicat que d’évoluer dans le monde du « classic rock » ? Quel agrès plus difficile que celui des Purple pères, des Doors darons et autres tontons Zeppelin ? Les codes du genre ont tellement été assimilés, digérés, recrachés depuis 50ans, un demi-siècle nom de nom, que s’attaquer à ce style et vouloir y défendre sa patte relève soit du suicide soit d’une foi inébranlable en ses capacités.

Howard the band ne se pose, à vrai dire, pas la question. Il fonce dedans au travers des sept compositions qui charpentent son premier album, Obstacle.

Soutenu par une ossature guitare-batterie-orgue, le trio navigue sur ce long fleuve peu tranquille qui serpente depuis la fin des années 60. A l’aise techniquement, les musiciens ont donc le loisir de développer leur sens de la mélodie et ont l’intelligence de laisser s’exprimer le claviériste, là où d’autres groupes ne s’en servent que d’appui ou de faire valoir au gras riff des guitares. Chez Howard, quand le clavier s’exprime, ce sont les autres qui écoutent et structurent, charpentent le morceau. Ca virevolte, on sent les notes se prendre dans les barbes et les jams exploser les HP des amplis. On traverse l’opus en terrain connu et satisfait de la partition exécutée par le groupe. On écoute l’album sans véritable désagrément, sans faute de composition.

Cependant on le traverse sans être transcendé non plus.

Howard a parfaitement assimilé l’argumentaire de ses pairs mais il lui reste à intégrer plus intensément son identité, ses particularités, ses imperfections même. En effet, on ressort de l’écoute avec ce sentiment du travail trop bien fait, trop proprement exécuté. Le chant par exemple, est impeccable, propre, à l’excès à vrai dire. En live, le groupe est coupable de décharges électriques vraiment salaces, d’assauts rythmiques telluriques, de chants éraillés et conquérants. En live, le trio interprète, vit ses compositions, chose qu’il n’a pas su faire sur cet album, tout du moins retranscrire.

On ne retrouve pas l’électrisante excitation que le trio façonne sur les planches, cette jouissance, ce travail physique qu’il nous assène en face à face.

Rien de grave dans ce constat, le trio est encore jeune et aura tout le temps de peaufiner son identité sonore, sa patte. Voyons dans Obstacle un manifeste de ce dont est capable Howard et gageons que la prochaine étape sera celle de l’affirmation de sa personnalité et de son émancipation. Après tout, il est dans l’ordre logique de « tuer le père » un jour ou l’autre.

Note de Desert-Rock
   (6.5/10)

Note des visiteurs
   (8/10 - 3 votes)

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