Ce qu’on aime tant dans le stoner, c’est justement qu’il n’y a pas qu’un seul style de stoner: hard, heavy, psychédélique, space, sludge, rétro, il y en a pour tous les goûts et pour toutes les oreilles. Et ce qu’on aime encore plus, c’est quand un groupe transcende les genres, mélange les sonorités et les influences, prend des risques et sort de sa zone de confort. C’est vrai quoi, il n’y a rien de plus appréciable que de découvrir le nouvel album d’un groupe qu’on apprécie et de se rendre compte que ledit groupe propose quelque chose de neuf, d’original et qu’on n’attendait pas du tout.

Quand j’ai appris qu’Humulus sortait un nouvel album, je me suis dit au fond de moi: « chic alors, je vais me retrouver avec un bon album de stoner bien classique composé de 8 titres de 5 minutes et que je vais passer un bon moment mais rapidement oublié. Les gars sont chez Kozmic Artifactz, pourquoi se casser le cul à prendre des risques… ». Surtout qu’une récente interview du groupe annonçait que le groupe voulait travailler sur des chansons courtes et qui pourraient plaire au plus grand nombre… Plaire au plus grand nombre, les gros mots sont lâchés, nous qui adorons rester dans l’ombre, entre nous, bien au chaud dans nos petites salles au milieu de nos congénères…

Bref, de quoi avoir quelques frissons légitimes avant de poser The Deep sur la platine. Mais de frissons, il y en aura mais ce seront des frissons de plaisir à l’écoute de la mise en bouche qu’est « Into the heart of the volcano sun »… Près de 15 minutes d’un voyage au cours duquel tous vos sens seront mis en éveil. Débutant comme un trip cosmique à la Electric Moon, le titre prend son envol dès l’apparition de la voix d’Andrea Van Cleef, sublime, prenante, qui vous chuchote des mots doux à l’oreille avant de vous les faire dresser avec un riff tellurique et un solo beau à pleurer. Le priapisme vous guette, mes amis!

Les festivités continuent avec « Hajra », superbe titre de 8 minutes qui bénéficie du jeu subtil d’Andrea (sans parler de son organe vocal à la puissance folle) qui fait ronronner de plaisir sa gratte. La montée en puissance est juste parfaite et elle serait à montrer dans toutes les bonnes écoles de stoner (d’ailleurs, à quand la première école du genre?). « Devil’s peak » ouvre la face B avec un titre très bluesy qui vous fait immédiatement dodeliner de la crinière et nos 3 brasseurs italiens (ah oui, j’oubliais, les garçons fabriquent leur propre bière qu’ils vendent au merch lors de leurs concerts!) proposent une chanson très travaillée à la production aux petits oignons qui tranche un peu avec l’esprit « jam improvisée » de la face A. C’est alors que déboule la petite douceur, intitulée « Lunar queen »… Préparez-vous à emballer en concert avec ce slow joué à la guitare acoustique et bénéficiant de la voix d’ogre lubrique d’Andrea, décidément très en forme. Puis il est déjà temps de se quitter mais pas avec n’importe quoi: en effet, quoi de mieux qu’une (seconde) merveille de 15 minutes pour clore cette galette? « Sanctuary III – The Deep », c’est son nom de baptême, est construit comme un titre de rock progressif que votre grand-père écoutait au début des seventies: orchestration sublime, mise en abîme idéale, c’est du Genesis à la sauce 2020… Et ce riff, et ce jeu de basse, et cette batterie surpuissante! Non, vraiment, Humulus a fait un sacré putain de bon boulot sur cet opus…

Pas la peine de tourner autour du pot: j’ai été réellement emballé par The Deep et je remercie chaleureusement Humulus pour le bonheur procuré par l’écoute de cet album qui fera date. Allez, j’ose: il est du niveau du dernier Lowrider, carrément! Je ne le note pas 10/10 car l’album parfait n’existe pas mais croyez-moi, je ne suis pas loin de le penser!