Il est de ces groupes évoluant aux confins des musiques extrêmes, mêlant chant death, lugubres ambiances black metal et lourdeur du doom, dans un fatras métallique aussi maitrisé que classieux. Il est de ces groupes dont les visuels sont superbes, reflétant à la perfection la noirceur du propos, n’ayant pas peur de sortir des EP ne contenant qu’une chanson de 45 minutes. Il y a en un en tout cas, et il s’appelle Inter Arma. Le quintet venu de Richmond, Virginie, avait surpris son monde avec la publication de Sky Burial en 2013, se proposant comme alternative plus que valable aux amateurs de mélange des genres, entre blast et sensibilités mélodiques, sur fond d’apocalypse. Beaucoup de déçus des orientations de Baroness ou Mastodon avaient trouvé en eux le refuge idéal pour nourrir leurs noirs desseins. The Cavern, fameux EP de trois quart d’heure publié en 2014 avait quand à lui rallié les plus exigeants mélomanes à la cause d’Inter Arma, passé de promesse doom à force tranquille du genre avec ces quelques publications. La sortie de Paradise Gallows, toujours chez Relapse Records devrait sans nul doute les propulser sur les plus hautes marches de la reconnaissance sur la planète heavy.
Écouter ce disque en contemplant le sublime artwork d’Orion Landau – artiste maison de Relapse signant là l’un des plus beaux visuels de sa riche et longue carrière d’illustrateur – est un voyage dont on ne revient pas indemne. En effet, Paradise Gallows est de ces merveilles qui ne vous lâchent qu’à la dernière note, dont la traversée, parfois éprouvante, permet néanmoins d’admirer toute l’ampleur musicale d’un groupe décidément touché par la grâce. Derrière un riff/fil conducteur que n’aurait pas renié Baroness sur le Blue Record (ce thème ouvre l’album avec « Nomini » puis revient au début de « Potomac », les deux titres faisant référence à la rivière Potomac, traversant la Virginie), Inter Arma flotte sur les eaux opaques d’un metal aussi extrême que sophistiqué, appesanti par des rythmes lourds, chargé comme la cale d’un navire marchand en perdition. Pourtant plus lumineux que les précédentes production du groupe, cet album respire néanmoins les abysses jusqu’au dernier souffle. Mariant avantageusement la sombre puissance dont les cinq musiciens de Virginie se sont toujours revendiqués avec un aplomb mélodique sublime, les potences du paradis nous promènent le long de la frontière prog sans jamais tomber dans la démonstration. Il y a quelque chose de sublime dans ces grandes saillies doom des enfers, assagies par de longues plages contemplatives. Derrière l’impeccable cavalcade crépusculaire qu’est « An Archer in the Emptiness », de nombreux moments de génie émaillent cet album âpre et sombre, comme finalement devrait toujours l’être la musique. Autre point d’orgue de ce voyage aux confins de la noirceur, les presque 12 minutes du morceau éponyme, longue dérive sur les côtes neurosiennes, voyage au bout de l’enfer.
Paradise Gallows est un des albums de l’année, de ceux que l’on ressort encore et encore et à bord desquels on embarque, sachant pourtant ce que nous coûtera la traversée.
Point vinyle :
Relapse records a inondé la monde de jolies galettes, ornées du navire en perdition, déclinées en quatre couleurs pour le premier pressage.
100 clear, réservées aux musiciens et à quelques chanceux, 300 « Halloween Orange / Mustard Merge » uniquement sur le site de relapse, 500 « Electric Blue with Gold Splatter » au même endroit et 500 « Blood Red with Metallic Gold / Sea Blue / Mint Green Splatter » que les membres d’Inter Arma auront avec eux sur leur tournée. Sans oublier bien sûr 2200 copies en noir, pour les puristes.
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