Originaire de Koblenz, ce quintette germanique a opté pour une approche assez novatrice d’un genre que l’on peu qualifier de post rock en explorant son côté le plus soft et le plus aérien. Assez perturbante à la première approche, leur musique est en fait un gros mix d’une version apaisée des plans sludge pratiqués par Isis et ses nombreux clones dont je ne citerai pas les noms par gain de paix avec mes camarades de desert-rock. Si les plans calmes du ‘Blue Record’ de Baroness vous ont transporté ces derniers temps, il est de votre devoir de mettre la main sur cette plaque.
Précédemment sur le label de skate à roulettes ricain Go-Kart Records, les Teutons ont abandonné la dimension punkisante de leurs compositions pour se concentrer sur un style planant et cristallin. Si les plages avaient eu le format requis par les stations de la bande fm, j’aurai peut-être utilisé cette galette comme dessous de verre, mais il s’avère que les Allemands ont opté pour le format XXL et que j’éprouve un plaisir tout égoïste à m’envoler en me passant quelques titres de cet opus les yeux grands fermés (comme dirait Stanley). Il est clair qu’en proposant un double LP d’une bonne heure avec seuls six morceaux, ces types-là n’y vont pas à l’économie question timing des compos.
Les compositions, qui frisent donc la dizaine de minutes, tapent à des années lumières du rock progressif et de ce que les mecs comme moi (ceux qui ne savent même pas balancer un riff sur une strato imitation japonaise) appellent le riff qui tournent. C’est un assemblage subtil de structures qui s’insèrent avec volupté les unes dans les autres. Les amateurs de grosses bourrinades vont bouder cet album, mais les aficionados de grands délires instrumentaux qui s’étirent risquent de mouiller leurs petites culottes en écoutant ‘Encore’ qui clôt l’album et se termine puissamment à grands renforts de batterie dans la plus pure tradition sludge.
La masterpiece de cet album, à l’écoute duquel je me suis surpris à headbanger dans mon salon le casque sur les oreilles, est à mon sens ‘Lamb’ qui pulvérise les douze minutes sans jamais lasser son auditeur. Ca débute sur un plan rock presque popisant sur lequel une basse vrombit à grands renforts de reverb puis ça va s’embourber dans un plan tout en noirceur durant lequel les textes sont parlés avant de mixer les deux styles à la limite du doom grand public de Cathedral pour se terminer de manière bien speedée dans un registre presque keupon. Cette vision d’un paysage est supportée par des textes tout en noirceur qui toucheront ou pas l’auditeur selon son état d’esprit. Vu ma forme du moment, j’ai bien apprécié la chose et vous encourage à vous intéresser à cet ovni germain !
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