X

Kaleidobolt – Bitter

“Lecteur, c’est toi qui sent la sueur ?! Ah non,  ça vient de cet album juste là !”

Je m’approche donc avec prudence de l’album, il suinte… L’objet est agressif et psychédélique. Une hydre rouge y fait face à un monolithe cyclopéen sur fond d’éruption volcanique. Ce disque sent fort, une odeur de transpiration et d’acide. Sur la pochette le nom de Kaleidobolt.

“C’était donc ça! le nouvel album du power trio finlandais qui vient tout juste de signer sa troisième œuvre chez Svart Records et qui a pour titre Bitter !”

Alors que je pose la galette sur la platine, je me brûle les doigts et je me doute que les oreilles ne vont pas tarder à suivre. “Another Toothpick” qui ouvre le bal me saute à la gueule et la référence éruptive de la pochette fait tout de suite sens. On retrouve cette énergie propre aux prestations lives du groupe. Un psychédélisme hystérique où s’enchaînent les riffs sur un tempo hors norme. La piste est déstructurée et flirte avec l’enharmonie tout en proposant des breaks mélodiques et profonds. Si je cherche confirmation de cette impression, c’est “I am the Seer” qui m’en offre un autre bel exemple. Déstructuré, Heavy, Psychédélique il m’a emmené aux portes d’un autre monde où règne la folie. La Basse si elle invoque le Prog est bien souvent distancée par une gratte en plein délire et une batterie aux sonorités parfois Bonhamienne.

Le bassiste Marco Menestrina a déclaré: “Nous visons une musique dangereuse, en passe de devenir une masse critique et de s’effondrer à tout moment” Bah tiens donc, c’est réussi! Bitter est un effondrement gravitationnel. La musique massive comme une planète se contracte sous l’effet de sa propre attraction. Puis elle finit par exploser et se disperser violemment. Cet album dispose d’un noyau de Stoner sur lequel ce qui l’entoure s’effondre, rebondit et se retrouve projeté dans l’espace

Il est difficile de trouver des mots pour définir ce qui se passe sur la plaque, mais si tu as déjà assisté à un set live de Kaleidobolt, tu en garderas sans doute plus le souvenir de son énergie que de sa musique. Bitter a cette même particularité, il est pour moi le reflet de ces dernières années passées à écumer les scènes européennes. L’évolution du groupe est certaine, mais on retrouve néanmoins une confirmation des impressions du précédent album “The Zenith Cracks”. Un Jam Band où percent cultures jazz et blues avec une maîtrise technique très nette.

Il faut absolument aller écouter “Deadpan Blues” dont l’introduction est à la croisée des Doors et de Led Zeppelin et où le corps du morceau explose et retombe comme du métal fondu en conclusion. Kaleidobolt ressuscite la folie lysergique des années 70 et retrace la carte d’un rock heavy que l’on croyait loin derrière nous.

“Hydra” clôture l’album dans un délire total où j’ai perdu mes sens. 9’32 de pur psychédélisme agressif, passant des hurlements de la guitare au bottleneck fondus dans la reverb à un chant plaintif sur cordes mordantes. La dérive est totale et aboutit à un tiers de morceau planant dans les volutes d’une fumée de psychotrope où la basse virtuose soutient un ensemble en apparence déstructuré, mais en apparence seulement.

Bitter n’est pas l’album du commun. Tout le monde n’y trouvera pas son compte. Il faut passer outre le puissant fumet qui en émane, le goûter pleinement et longtemps pour en dévoiler toutes les subtilités. Il est puissant certes, mais pas que! C’est aussi un nid de petites subtilités qui cumulées offrent une pièce talentueuse. Cette plaque est dense, pleine de ressources et ces lignes ne me suffiront pas pour exprimer tout ce qu’on peut y trouver. Ce qui est certain, c’est que Kaleidobolt est pour moi définitivement un groupe live et aura su avec cet album en livrer toute la force en studio.

 

Note de Desert-Rock
   (8/10)

Note des visiteurs
(7.5/10 - 2 votes)

(Pour donner votre note,
cliquez sur le nombre de cactus voulus)