4 ans, c’est long… Demandez donc aux fans de ballon rond si ces 1460 jours qui séparent chaque coupe du monde ne sont pas interminables… Et posez également la question à n’importe quel chef d’état pour savoir si les 4 années de mandat de Donald Trump ne sont pas un calvaire… Et 4 longues années, c’est le temps qu’il aura fallu à Kamchatka pour nous offrir un nouvel album après le fantastique Long road made of gold paru en 2015. L’écart le plus conséquent entre 2 galettes depuis la création du groupe en 2005. Autant dire une éternité à l’heure où plusieurs dizaines de nouvelles formations éclosent chaque mois et que des centaines d’heures d’écoute sont proposées chaque mois à nous, pauvres chroniqueurs travaillant dans l’ombre pour servir un public toujours plus avide de nouveautés et de stoner de qualité. Bah oui quoi, on fait pas un boulot facile !
Bon allez, trêve de jérémiades, place à Kamchatka et son nouvel album, intitulé Hoodoo lightning (paru la semaine dernière en numérique mais dispo en physique dès vendredi 6). On est accueillis sous un déluge, à la fois météorologique (l’orage gronde…) et sonique (d’entrée, on en prend plein les esgourdes !), avec « Blues science », une bonne grosse baffe dans la tronche de plus de 5 minutes scindée en 2 parties. « Blues science », c’est un full-power rollercoaster qui vous emmène dans une chevauchée fantastique avec loopings, accélérations dantesques et assez de puissance pour vous vriller la caboche. Déjà, d’entrée de jeu, on est accro. Et ce n’est que le début des festivités…
Le groupe a récemment déclaré ne pas être amateur d’artifices quand il enregistre en studio. Et on s’en rend compte avec « Fool », un fabuleux titre de stoner « à l’ancienne », c’est-à-dire sans production grandiloquente, juste une musique réalisée avec les tripes de ceux qui sont prêts à les offrir en pâture au public sur scène. Bref, çà déménage grave ! « Rainbow bridge » poursuit le voyage avec, cette fois-ci, un groove démentiel qui démontre, s’il en était encore besoin, que Kamchatka est un maître du genre. Et on imagine sans peine une fosse se déchaîner sur ce genre de petite bombe nucléaire. Le temps de préciser de Kamchatka ne s’embarrasse pas d’intros pompeuses ni de riffs répétés à l’envi pendant des heures, aucun titre ne dépassant les 5 minutes (hormis le double titre d’ouverture) sur cette galette. Du brut, du brutal et de l’immédiat.
On décèle évidemment des influences allant des grandioses seventies au stoner californien du milieu des nineties en passant par Clutch, Graveyard (çà tombe bien, Kamchatka est en tournée avec eux en ce moment dans nos contrées), voire même quelques touches de grunge à la Soundgarden. « Supersonic universe », qui déboule tel un camion sans frein en haut d’un col de montagne, possède assez de potentiel pour devenir un des grands hymnes de cette fin d’année 2019.
La face B sera-t-elle du même tonneau ? Malheureusement, çà se gâte (très légèrement, soyons honnête) : hormis un « Monster » qui ressemble à une chute d’un album de Bad Company datant de 1974, le reste peine à convaincre. Entre « Let it roll » qu’on imagine aisément sur les ondes FM des années 80 calé entre Motley Crue et Europe ou « Stay in the wind » trop posé et introspectif pour convaincre, la seconde partie de l’album peine à convaincre. La barre était-elle mise trop haute après la première moitié ? C’est bien possible… Entendons-nous bien : l’album, dans son ensemble, tient sacrément la route mais il manque ce petit quelque chose pour en faire un grand classique de Kamchatka et, forcément, l’un des grands disques de cette année. Mention très bien quand même !
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