On avait beau attendre avec impatience le successeur de l’excellent dernier LP de Lo Pan, « Colossus », le quartette de l’Ohio nous désarçonne quand même en nous proposant… un simple EP ! 5 chansons, 22 minutes au compteur, l’objet est certes frustrant dans sa forme, il n’empêche que dans certains cas l’on peut se satisfaire de peu ; reste à voir si ce sera le cas ici.
Pourquoi un EP, tout d’abord ? Pas de stratégie très élaborée de la part de Lo Pan, pas d’argument marketing ou de gestion de carrière : ils étaient quasiment obligés de sortir ce disque, sous cette forme. Ne serait-ce que par intégrité. Retour arrière : fin 2014, leur guitariste Brian Fristoe quittait le navire. Pas un détail pour un groupe évoluant dans un genre musical aussi acéré niveau 6-cordes, un mix de grunge / stoner / sludge, le tout dopé en énergie brute. Dans cette configuration à un seul guitariste, la musique de Lo Pan est intrinsèquement, structurellement imbriquée à la performance de son gratteux. Enter Adrian Zambrano, un remplaçant qui apparaît tout à fait judicieux (constat opéré suite aux prestations live du groupe avec ce dernier, qui ont pu confirmer l’intensité déployée par le combo sur scène). Lo Pan prend alors le chemin des studios et couche sur bandes les premiers titres issus de cette nouvelle formation… avant que Zambrano ne quitte lui aussi la formation ! Un remplaçant lui a été trouvé depuis (Chris Thompson), mais la question du devenir de ces bandes ne s’est pas posée longtemps : pour repartir d’une page blanche avec Thompson, il convenait de clôturer complètement cette séquence Zambrano, en publiant le matériel composé et enregistré avec son prédécesseur. D’où ce format court, qui constitue donc en l’état le premier et dernier témoignage vinylique de cette incarnation du groupe. Un témoignage, mais pas seulement.
Les techniciens de la guitare et les puristes sauront probablement disséquer les écarts stylistiques entre Zambrano et son prédécesseur. Mais concentrons-nous plutôt sur la qualité globale de la galette proposée ici : le format 6-titres s’avère finalement plutôt adapté à la musique du groupe. Après plusieurs écoutes, l’aspect « dense » du matraquage en règle que constituent habituellement les disques de Lo Pan est ici rendu plus digeste. Difficile en revanche de décréter sur un modeste « échantillon » que la qualité globale du travail de composition est la meilleure à ce jour pour le groupe. Les écoutes successives apportent en tout cas la confirmation que le groupe ne faiblit pas et reste à un très haut niveau. Ça riffe toujours velu, le chant est toujours aussi efficace (remarquable Jeff Martin, à la fois clair et puissant), et les rythmiques bastonnent ; ça reste viril. On distinguera quand même un “Go West” très emblématique du style des gaillards, et un “Pathfinder” plus aventureux, riche et efficace à la fois.
Savoir s’ils s’y maintiendront après encore un changement aussi significatif de son line up est une question légitime ; seul son prochain véritable album nous le dira. Mais en l’état, on est plutôt confiants à l’écoute de ce In Tensions solide et efficace.
Point vinyle :
Bien conscient de l’attrait relatif que constitue un simple EP en lieu et place d’un album entier, le petit label US Aqualamb en propose une édition limitée à 500 exemplaires du vinyl “powdered blue” 10″, accompagnée d’un livret de pas moins de 100 pages ! (on n’a pas eu le livret entre les mains mais il a l’air superbe)
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