Lonely Kamel – Shit City


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Ecouter le dernier Lonely Kamel, c’est comme rentrer in medias res dans un Die Hard où John McClane, marcel ensanglanté, nous servirait de guide dans le stoner burné des norvégiens.

Parce que d’emblée, le combo nous sulfate le faciès avec le titre éponyme « Shit City ». Un morceau direct, au tempo Motorheadien à souhait, à la voix éraillée secondée par du solo rock qui, en trois minutes et des brouettes, a eu le temps de coucher milles ennemis.

Mais quid de ce blues suintant qui parcourait les galettes du chameau solitaire auparavant ? John n ‘est pas soucieux et à l’écoute de « White lines » et « Is It Over », je comprends pourquoi. Lonely Kamel ralentit le rythme pour faire groover ses guitares comme il le fait si bien depuis ses précédentes livraisons. Cette voix empreinte de soul est toujours présente et les zicos savent bien ce qu’il y a de sexy dans un bend.

Mais résumer l’album par ces éléments serait une erreur. Lonely Kamel, dans chacune des neuf compositions, réussit à glisser de petites prouesses scénaristiques enrichissant considérablement son univers. Ménager le suspens par un bridge tout en basse, provoquer l’ellipse par une inversion rythmique, enrichir l’image sonore par un contre-chant habité, cisailler la focale par une interprétation animale de tous les instants, rien de superflu dans cette production. On est limite frustré par certaines fins de morceaux – celle de « Seal the Perimeter » par exemple – tellement abruptes que la chute d’Hans Grüber à la fin de Piège de Cristal semble douce et sereine.

Le format court de l’album détonne au regard de la profondeur des morceaux. Un « Falling Down », par exemple, surprend durant son écoute par les multiples strates qui le composent. L’appel Hendrixien, la rythmique Creedencienne, ce jeu de double-voix rappelant Electric Six, un boogie sans fausse note qui, une fois les caméras éteintes, se confie en blues intimiste…pour mieux relancer l’action en un mur de son puissant et choral. Le chameau est bien plus que ce qu’il veut nous faire croire.

Ce qui frappe tout le long c’est la qualité d’interprétation. Au risque de me répéter, les norvégiens cisèlent au coutelas de précision leurs riffs puis nous les assènent au char d’assaut. On est terrassé par ce blues-rock rustre et délicat, symptomatique finalement des quatre Lonely Kamel. Dans une des dernières interviews que j’ai lu d’eux, ils avouaient vouloir rendre cet album le plus merdique possible. Quatre bûcherons aux mains d’orfèvres, à l’humour rasant mais au talent haut. Shit City, un album loin d’être merdique, un album riche et surprenant. Ypikaï Motherfuckers !

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