Des bûches, des bûches et encore des bûches… oui on aime tous ça mais si là vous aviez envie de froid, de bûches glacées. D’étendues désertiques mais couvertes de neige. Partir vers l’inconnu avec des inconnus au delà des mers gelées aux confins des terres inhabitables. LowFlyingHawks en serait la parfaite bande originale. Cultiver aussi bien le mystère relève du tour de force en ces années d’ultra communicabilité et l’hydre à deux têtes cachée derrière le nom LowFlyingHawks l’a bien compris. L’anonymat des pseudonymes des deux multi-instrumentistes EHA et AAL, l’exhaustivité de leur page facebook (je cite : « LowFlyingHawks is a music band ») et toute cette sobriété attirent presque subrepticement l’oreille vers ce « Kōfuku » premier album du groupe sorti chez Magnetic Eye Records ce 12 février.
Sans se mentir ce sont les collaborateurs qui ont participé à l’album qui font le cœur de la communication : Trevor Dunn (Mr Bungle, Melvins) and Dale Crover (Melvins, Nirvana) ça retient déjà l’attention et la touche “produit par Toshi Kasai (Big Business)” met un petit coup de polish au vernis déjà bien chatoyant du projet. Nos esprits se prennent alors à divaguer vers des attentes de qui ne seront en rien satisfaites car Kōfuku est un album glacial. Un ambient-post-doom-drone qui laissera votre nuque en paix mais déchainera vos neurones non-sollicités. Un psychotrope gelant vos capacités cognitives mais boostant vos capacités sensorielles.
Album déroutant et exigeant, Kōfuku commence par une sombre intro réfrigérante qui installe l’ambiance à suivre. Des écrasantes multi-pistes instrumentales se dégagent par la suite les voix éthérées empreintes de mélancolie qui définitivement tirent l’album vers le haut. Aussi travaillées que soient les couches et les couches de guitares, de basses, de batteries et de sons divers et variées, la répétition des tempos et des compositions tend à rendre les titres difficilement distinguables et de ce fait digestes. Néanmoins, d’une violence contenue aux abords naturels se détache toujours une ligne de guitare plus mélodieuse à l’image d’un esprit vous faisant frissoner quand il s’approche de vous dans le 6ème sens. Certains titres marqueront plus facilement « Ruins », Wolves within Wolves », « Fading Sun » par leurs riffs, quand d’autres ne laisseront que quelques bribes d’air passées au sein de la noirceur « Now, Apocalypse », « Destruction Complete ».
Le doom de Paradise Lost sans le death, le doom de Type O Negative sans le hardcore, la rencontre de Neurosis et Nine Inch Nails dans leurs pourtours les plus pesants, avec toujours ce même sens de la mélodie qui ressort et se démarque. Des comparaisons moins « stoneriennes » pour situer le côté aux frontières du genre de Kōfuku. Plus qu’une écoute active, LowFlying Hawks vise l’écoute ressentie. Comme enseveli par une avalanche, votre corps s’engourdissant et votre volonté s’affaiblissant, votre salut repose dans votre âme guidée par les voix qui délicatement vous tirent à la surface. Vous reprenez conscience ainsi allongés les sens en berne mais les étoiles vous réchauffant de leur intensité.
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