Croyez-moi, à coté de ‘The Coast Explodes’, Space Mountain, c’est du petit lait. Effet montagnes russes garanti. Entre ses longues plages planantes qui soudainement descendent à la verticale avant de remonter emportées par leur propre élan, ses cavalcades sauvages et embrumées, ces sauts(los) dans le vide acides et crâneurs, l’auditeur est malmené, se cramponne à son siège, se maudissant absurdement de n’avoir jamais installé de ceinture de sécurité à celui-ci. Et lorsqu’il croit le tour terminé, il se rend compte qu’il ne s’agit que d’une accalmie avant le morceau final, la descente la plus éprouvante du manège, judicieusement nommé. A son écoute, tous vos sens explosent, emporté par la fougue de ces 4 jeunes hallucinés.
Rendant hommage à l’Océan, déjà évoqué lors du premier album, ces petits malins se sont amusés à inverser le schéma de son prédécesseur. On débute par la troisième partie de Dragon of the deep où l’on est secoué dans un vortex sonique impressionnant de créativité et d’assurance, ces gars savent ce qu’ils font et où ils vont, contrairement à nous. On plane durant ‘Pierce of Darkness’ avant son explosion finale qui n’a rien à envier aux coups de sang de Neurosis et en gentils stewards, Mammatus nous propose de reprendre nos esprits avec ‘The Changing Wind’, morceau psych-folk comme on ne sait en faire qu’en Californie. Attention, pas la Californie boursouflée de vanité du sud, non, il s’agit de celle plus au nord, la sauvage, balayée au rythme du vent, qui inspire Mammatus et nous en dévoile une facette plus délicate et apaisante. Pourtant, le chemin est loin d’être fini et les cris d’otaries se jetant dans les embruns semblent être un cri d’avertissement avant le grand plongeon.
‘The Coast Explodes’ et il semble que c’en est vraiment le cas. La progression se fait par palier, la voix nasillarde qui en temps normal sait se faire discrète, faisant la part belle aux instrumentations débridées, nous accueille et nous prépare tandis que le rythme s’accélère imperceptiblement tel les battements de notre cœur lorsque le wagon finit enfin par arriver en haut de la pente. Et là, plus de sécurité, de filet, il suffit de fermer les yeux et sauter. Une chute libre où les courants ascendants des riffs vous entraînent en haut, en bas, vous ralentissent, vous font accélérer. Et lorsqu’une accalmie semble poindre, on sait très bien qu’elle cache simplement la suite.
Marche arrêt, on continue ce petit jeu avant l’explosion finale où finalement la voix prend le dessus et tout se retire simplement comme les vagues léchant la plage. Tout s’en va et revient, tout recommence.
Plus progressif que jamais, plus chaleureux, plus culotté, plus halluciné, la liste est longue en superlatifs comparatifs vis à vis de son album éponyme ou même de la scène. Le pont entre ses influences psychédéliques et le stoner actuel est désormais consolidé et Mammatus peut y parader en frondant, ce n’est pas exagéré.
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