Même si la première trace du mot slave Minsk remonte à 1067 (désignant évidemment la capitale de la Biélorussie), le groupe s’inscrit cependant dans une tendance résolument contemporaine. Bien des écoutes sont nécessaires pour percevoir toutes les couches superposées de cette musique atmosphérique que l’on peut ranger, certes sans catégorisation aveugle et absolue, dans les étagères du post-rock et du néo-psychédélisme.
Les grattes se superposent en strates bruitistes lorsque elles ne font pas la part belle dans les moments calmes aux sons clairs teintés d’effets de delay et de reverb, ainsi que de tremolo à l’occasion. Elles jouent superbement sur les nuances tout au long des envolées lyriques des vocalistes. Soulignons-le, les 6 morceaux sont longs de 5 à 15 minutes et peuvent relever du répertoire de Pelican, Neurosis, Godmachine et Mogwai. Néanmoins, on y distingue des voix d’outre-tombe noyées dans un festival d’effets qui accentuent les atmosphères funèbres de cette plaque.
Les guitares peuvent aussi se lancer dans des riffs post-hardcore joués ad libidem dans lesquels on ressent un côté groove sans pour autant ponctuer le mouvement d’une suite d’accords relevant du prévisible et du suranné. La batterie s’entoure de percussions à caractère tribal et accentue cet effet par un jeu harmonieux de caisse claire sans timbre dans les moments calmes. Le batteur est également un régal de précision rythmique dans son jeu de cymbales. Avec cela, on y distingue une basse fluide intégrant parfaitement le côté mélodique d’un break tempéré tandis qu’elle assurera son travail de soutien inconditionnel dans les moments forts.
Revenons au chant: les vocalises peuvent parfois relever du chant quasi-grégorien ou de la mélopée gutturale bouddhiste, elles donnent toute l’ampleur de leur tessiture dans les passages enlevés avec des cordes vocales à l’unisson dans un chant tribal versant dans le rituel orchestré. Outre leur déferlante de sombre perception, on ne peut s’empêcher d’y voir une mise en scène macabre et sanguinolente.
Enfin, on remarquera, à côté des percussions additionnelles, l’usage d’un piano et d’un cuivre mais dans une expression très sobre en fin de morceau. Minsk, d’apparence froide de prime abord, révèle une facette de séducteur lorsqu’on se plonge dans l’écoute de ces chansons hypnotiques. Un très beau mix, une splendide pochette et des compos de qualité. Tout simplement.
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