Ouille, ouille, ouille. Le boîtier a du mal à s’ouvrir. Je me casse un ongle en le forçant. Il me glisse des mains et atterrit sur mon orteil nu. Zac. Mon sang s’écoule en deux endroits. Avant d’aller me désinfecter, je charge mes genoux de fléchir pour laisser ma main valide introduire le CD dans le lecteur. En me relevant, paf, je me cogne le haut du crane dans l’étagère. Jurons obscènes. Avant même d’avoir entendu un seul larsen de ce disque, ma chair souffre déjà . Et des larsens il y en a sur ce disque. Chacun des six morceaux de cette galette en est précédé. Prémisses à la folie dans ce qu’elle a de plus funeste. Les six habitants de l’Alabama qui ont donné vie à cet objet doivent être des anciens de la prison de Huntsville. 15 ans de taule pour avoir fumé un joint ensemble. Sans remise de peine. Et les petits mecs de Birmingham, avec leur boulet de fonte au pied sont lentement devenus des boules de haine. Les brimades, les violences, les coups bas les auront affecté à vie. Ce qu’ils traduisent ici par ce disque cathartique. Leurs riffs sont aussi lourds que les boulets qu’ils ont dû traîner pendant leur incarcération. Les cris et hurlements du chanteur sont des appels à l’aide. Tout traduit le malaise, la souffrance, le tourment, l’abandon. Noir de noir. Voilà ce qui arrive à qui trop écoute Eyehategod. Sauf que leur prison à eux était une colonie de vacances à côté de celle d’Huntsville. Les Molehill en ont chié, c’est sûr. Ce disque est leur récit ethnographique d’un quotidien effrayant. C’est ce qui le rend aussi, agréable n’est pas le mot juste, disons plutôt passionnant, à écouter. Du pur bottage de cul. On espère qu’ils s’en sortiront, mais ce serait dommage qu’ils arrêtent de produire des ouvrages de cet acabit. Terrible.
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