Après leur premier album éponyme sorti en 2004 sur l’excellent label belge Buzzville Records, la quatuor helvétique de Monkey 3 remet le couvert et nous revient de là-haut sur la montagne où, dans l’intimité d’un chalet, ils ont accouché de ce merveilleux petit dernier intitulé 39 Laps.
On ne fera pas 39 fois le tour du pot. C’est de la balle! Les atmosphères tantôt planantes tantôt tendues y défilent tout au long des 6 titres de cet opus qui va faire grand bruit sur la scène post-rock instrumental. Ca démarre toujours calmement dans des ambiances subtiles où se mêlent les arpèges plein de delay et les samples aériens, et c’est dans ce décor atmosphérique que la section rythmique se pose avec assurance, sans orfèvrerie, sans vanité, mais avec une conviction impressionnante. Au fur et à mesure que la sauce prend, la disto fait parler la poudre et là, c’est l’explosion sonore: les tempos n’accélèrent pas, mais la basse et la batterie durcissent le ton pour soutenir le couches bruitistes des grattes. On retrouve des sensations de ce genre à l’écoute de groupes tels que Mogwai, Pelican ou encore le premier album des défunts Godmachine (Scenes from the Second Storey).
Des références TOOLiennes viennent aussi à l’esprit mais la section rythmique a intelligemment évité la sophistication pour n’en être que plus affirmée. Plus on se plonge dans l’album, plus on a l’impression d’être sur les montagnes russes. Les morceaux s’écoulent sans flon-flon, avec un max de crédibilité et sans éveiller l’ennui chez l’auditeur. En effet, il s’agit de bien insister sur le fait que la voix brille par son absence. Et le défi est relevé car à aucun moment on ne peut tirer une moue de dédain suite à la longueur des 6 morceaux dont la durée oscille entre 6 et 10 minutes, et sans la moindre vocalise.
L’écoute des 5 premiers titres vous laisse sur le carreau, à bout de souffle, comme si vous aviez traversé le désert au galop sans une goutte d’eau. Et puis, ô surprise, c’est justement un sample de vent du désert qui plante le décor de cette magnifique reprise d’Ennio Morricone: Once Upon A Time In The West (Il Etait Une Fois Dans L’Ouest pour ceux qui ont un problème avec la langue de Shakespeare). Dieu que c’est beau! Bon sang que c’est fort! Ici, pas question de réinventer le morceau mais plutôt de le faire sien en replantant le décor avec une sensibilité et une intensité hors normes!!! Sans être grand fan de bandes originales de films, on ne peut que s’incliner devant la travail de compréhension, d’analyse et de reproduction façon Monkey 3 de cette célèbre bande-son du 7e art.
Monkey 3 a de l’émotion et de la patate. Buzzville a du flair et le goût du risque. La rencontre n’en pouvait être que plus belle.
(Pour donner votre note,
cliquez sur le nombre de cactus voulus)
Laisser un commentaire