On continue notre voyage au pays des dinosaures avec un album qui est un prélude à la popularité internationale que Monster Magnet connaîtra à partir de 1997. Petit flashback, nous sommes en 1993 et le Magnet n’a pas encore aimanté les foules et mis le souk dans le milieu rock. Dave Wyndorf n’a pas encore atteint le statut d’icône et c’est sereinement que les lascars attaquent le 3e opus du nom de Superjudge (4e si on tient compte de l’E.P. Tab).
On sent qu’ils ont travaillé la formule et que la sauce commence à prendre à l’écoute de ce travail de composition empreint d’une forte personnalité. Maître Wyndorf enchaîne ses suites d’accords maintenant reconnaissables et caractéristiques de son groupe. La fuzz coule à flots dans un déluge de guitare solos pyrotechniques sous le doigté talentueux d’Ed Mundell. Le son a maintenant pris une assurance remarquable et a bénéficié d’une attention particulière, certes à grands coups de dollars mais bon on n’a rien sans rien. Loin de moi l’idée de dénigrer les précédents travaux mais force est de constater que la dynamique du son manquant aux précédents albums est bien présente et prouve que le groupe gagne en maturité en plus de s’allier un public toujours plus nombreux au fur et à mesure des tournées marathoniennes.
Si la 1ère chanson nous invite à un décollage majestueusement dirigé par la voix aux mille effets mais au timbre ô combien reconnaissable, la 2e plage nous montre que le quatuor (si, si, ils étaient 4 à l’époque) a bien intégré des éléments plus groovy accompagnés de saveurs psychédéliques dans de superbes lignes de solo. La section rythmique est également mise à contribution pour marquer les contre-temps avec précision avant de relancer de plus belle la machine aux riffs cinglants.
Plage 3: Le côté space rock du riff hypnotique joué tout en finesse nous montre que de nouvelles voies s’ouvrent aux musiciens qui n’ont d’ailleurs pas fini d’en marteler les notes pendant près de 5 minutes jusqu’à ce que, grande surprise, le batteur attaque un riff punk en mode binaire pour ensuite se voir rejoindre par les autres instrus dans une déferlante enflammée qui ne trouvera sa fin que dans une cacophonie savamment orchestrée en guise de final. Puis c’est l’intro acoustique de Cage Around The Sun qui nous ramène sur terre non sans un paradoxe marquant à l’écoute des paroles surréalistes de Wyndorf. Je vous laisse le soin de découvrir.
Bref, les morceaux s’enchaînent selon un ordre bien pensé et c’est un plaisir pour les oreilles entre les envolées des guitares tantôt planantes tantôt incandescentes soutenues par une section rythmique efficace et surtout un blizzard de cymbales quand il s’agit de mettre la zone.
Monster Magnet conserve quand même son côté rock en première ligne: les riffs demeurent “in-your-face” (traduisez par “dans ta gueule”). Même gonflé à la fuzz, le son des grattes reste fort aigu alors qu’un certain Josh de Kyuss n’éprouve plus la moindre gêne à brancher sa gratte directement dans un ampli de basse.
Cependant, les membres du groupe nous apprennent qu’ils peuvent intégrer de manière homogène des éléments de space rock, de fuzz rock et de psychédélisme en alternant des plages aux structures évidentes avec d’autres incluant de longs breaks d’une intensité remarquable. Le trippant Brainstorm, 10e morceau de cet album, nous donne un goût de reviens-y et est annonciateur du skud qui sera lâché 2 ans plus tard. Monster Magnet n’est pas encore à son zénith mais est, à ce moment très précis de la sortie de l’album, dans une phase ascendante.
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