De ces trois américains on ne sait pas grand chose excepté qu’ils jouent dans d’obscurs combos depuis dix ans, que Mos Generator fut formé en 2000 et que ce « Late Great Planet Earth » semblerait être leur deuxième album, ce dont on n’est pas vraiment sûr. Par contre, niveau certitude, un fait s’impose à l’auditeur dès la première écoute : définir le style pratiqué tout au long de ces douze morceaux nécessiterait la création d’une nouvelle étiquette à rallonges et tenter de dégager des influences reviendrait à citer une liste de noms trop longue pour qu’on s’y attarde. Et en fait, le style et les influences, on s’en tape. On se contentera donc de dire que Mos Generator joue du Mos Generator et que ces trois-là sont des petits futés passés maître dans l’art de brouiller les pistes. Les trois premiers morceaux désorientent par leur diversité et alors que l’on s’interroge sur la beauté sombre de « Six Million People Dead » en se demandant à quelle sauce on va être mangé, « Opium Skies » déboule en puissance, le phrasé de Tony Reed évoquant le Ozzy de la grande époque avant que le morceau ne mue vers une sorte de Southern Rock burné. Les bons plans se succèdent avec fluidité, servi par un son magistral fait maison et que ce soit la basse énorme qui explose sur l’intro de « The Myopic » ou le final tendu de « Closed Casket » et sa rythmique binaire mais imparable, cet album réserve son lot de surprises. Le coup de génie réside dans les enchaînements, chaque fin de morceau introduisant le suivant sans discontinuer, créant un flux oscillant entre passages bluesy ou psychés apaisés et lourdeurs toute sabbathienne, alternance que l’on retrouve parfois au sein du même morceau. Si vraiment il fallait décrire cette musique, on pourrait parler de doom aérien, pratiqué les fenêtres grandes ouvertes pour laisser entrer la lumière, mais ce serait presque faire injure à la palette d’émotions proposées. « The last Great Planet Earth », c’est une succession de petits moments de bonheur intenses, de ceux qui rendent la vie un peu plus belle chaque jour. Et on aurait vraiment tort de s’en priver.
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