Nebula – Holy Shit


Voir un groupe que l’on apprécie mettre la clef sous la porte laisse toujours un goût amer ; Kyuss, Dozer, Tank86, etc. vous voyez de quoi je parle. Une sensation d’inachevé, un regret de n’avoir su en profiter davantage. On espère toujours qu’un beau jour, à la faveur de certains remord, les membres dispersés viendront à se réunir à nouveau. Et parfois, comme dans le cas de Nebula, cela se produit bel et bien.

Après une séparation presque aussi longue que ne l’a été leur carrière, le trio Californien se reforme en 2017 pour le plus grand plaisir de l’univers stoner. Eddie Glass et Tom Davies remontent aussitôt sur scène, accompagnés du non moins talentueux Michael Amster derrière les futs. Ensemble, les gaillards s’affichent en tournée notamment au Hellfest et Desertfest, comme si de rien n’était. Et en vue d’enfoncer le clou qui marquera définitivement leur retour dans le game, ils pondent l’inopiné Holy Shit.

On entre direct dans le vif du sujet avec « Man’s Best Friend » et « Messiah ». Ces morceaux nous replongent dans ce stoner énervé, nuancé par des solos psychés souvent parsemés de wah-wah, le tout maquillé d’un far bien garage qui donne son ton grunge si caractéristique au groupe. « It’s all over », une fois ses 2 min 45 s de chauffe effectuée donne des franches envies de traversée du désert derrière le guidon d’une bécane au pot d’échappement troué, et n’est d’ailleurs pas sans évoquer la fougue d’un « Giant » ou d’un « Ignition ».

Toutefois, si l’on retrouve les fondamentaux de la matière Nebula dans ces premières pistes, on découvre aussi de singulières nouveautés. Mêlant groove d’un autre monde, chœurs et mélodie chaleureuse, « Fistful of Pills » s’apparente à un interlude surf rock tout ce qu’il y a de plus surprenant. Une énergie suave retrouvée dans « Gates of Eden » même si c’est le psyché et la réverbe qui dominent. Puis les ascendances divergent encore dans « Let’s Get Lost », sa guitare crado et son chant grésillant à la limite du nasillard. Une composition rappelant assez Iggy Pop et The Stooges dans son style. Pour couronner le tout, la neuvième pièce de ce nouvel édifice semble s’articuler autour de l’essence constituant les précédents morceaux. Un amalgame d’énergies s’étalant sur plus de sept minutes avec une mélodie plutôt redondante, un fuzz troqué pour une guitare sèche et une basse aussi ronde et douce que la caresse d’un soleil sur une plage des caraïbes.

Par certains aspects, on se sent finalement assez loin du désert duquel Nebula est issu. Même si la longue absence du groupe, et certainement le désir d’innover, justifie sans mal cet écart. Le stoner du trio a toujours été dilué dans un rock très 70’ et garage, mais à présent la corde ‘surf’ s’ajoute à leur arc musical. À chacun de voir s’il se sent de tirer une nouvelle flèche avec, ou bien simplement d’en apprécier le souvenir.

Note de Desert-Rock
   (7/10)

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