On s’écarte des sentiers bien battus du stoner mais cette digression en vaut vraiment la peine. Pas évident d’aborder l’écoute de cette plaque mais la persévérance paie et on ne tarde pas à découvrir les qualités intrinsèques et les émotions subtiles de Neurosis.
La voix, dérangeante et personnelle, révèle des trésors de sensibilité même si on n’a pas affaire à un vocaliste à la Maynard James Keenan ou encore à la John Garcia. La tessiture et le timbre se baladent plutôt dans le spectre sonore d’un certain Tom Waits mais avec plus de rage et de désespoir que de folie et de dérision.
Encore une fois, on ne nous livre pas ici un produit stoner 100% pur malt mais plutôt un approche musicale rock très mature et dans un mix tantôt noisy tantôt intimiste. Ce qui frappe surtout, c’est la dose intense de tristesse voire de mélancolie qui se dégage de leurs chansons, même quand le bois est envoyé sans retenue. Et la beauté de ce désespoir surtout! Les mecs, sans être des virtuoses mais exécutant parfaitement leur set, s’évertuent avant tout à créer des ambiances et faire jaillir des émotions personnelles dans des structures évitant soigneusement l’éternel “couplet/refrain/couplet/refrain/bridge”.
Neurosis n’hésite pas à inclure des instruments comme les cordes et autre piano. Comme quoi on n’a pas a s’enferrer dans des schémas musicaux dogmatiques pour attirer l’attention et en découdre avec ce monde.
Il est peu probable (mais tout arrive) que l’on tombe à genoux lors de la 1ère écoute de cet album. C’est plutôt un trip long et planant qui doit se distiller dans le temps avec patience et sagesse. Mais là, je deviens trop sérieux. Enfin, c’est ce que cet opus m’a inspiré. Prenez votre temps, respirez un bon coup, en bon bouilleur de crû, le résultat n’en sera que meilleur.
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