Après une minute d’un épais brouillard blanc, une guitare se fait entendre : c’est bien l’embarcation du quintet anglais que l’on aperçoit au loin. L’album débute, l’ancre (The anchor en anglais) est levée, et les guitares se mettent à pleurer. Paul a la voix éraillée et habitée par la douleur crie “We set sail !” (“nous mettons les voiles”), et entame sa complainte face à l’océan. D’emblée, l’album sonne plus sombre et rageur que son prédécesseur. Le navire OHHMS oscille pendant 18’30 entre post metal et stoner. On a même droit à un magnifique solo aux sonorités gilmouriennes, ce groupe ne se contente définitivement pas d’aller dans une seule direction.
“Dawn of the swarm” s’ouvre sur un arpège de guitare hypnotique au son cristallin, puis laisse place aux premiers amours du groupe avec des guitares lourdes et puissantes et un tabassage de fûts dans les règles de l’art. Paul hurle “Genocide !” et nous montre que même si le groupe peut faire preuve de finesse, il n’en reste pas moins bien burné. La palette sonore de Paul est d’ailleurs ici parfaitement exploitée, notre vocaliste passant d’un chant clair et reposé à la rage d’un viking à qui on aurait volé son veston en peau de mouton. Sur ce morceau encore, on est déconcerté de voir comment le groupe peut enchaîner refrain sludge et break très rock progressif des 70’s.
OHHMS traverse dans cet EP de nombreuses contrées : les cavernes sombres du sludge, la grotte hypnotique du stoner et la baie du post metal, où Neurosis officie en capitaine. Les variations entre douceur et brutalité et la diversité des genres abordés permettent de digérer très facilement la longueur apparente des morceaux, à tel point que les 33 minutes de Cold écoulées, on veuille rapidement réembarquer le navire. On espère que le groupe restera aussi prolifique et intéressant qu’il l’a été durant sa première année.
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