Fascinante Italie. A peine leur avons-nous renvoyé Paolo Persechetti qu’ils nous dépêchent OJM. Composé des collaborateurs habituels de Paul Chain, aucun d’entre eux ne semble avoir d’accointances avec les Brigades Rouges. Toutefois, sitôt plongés dans leur heavy-psych-garage poisseux, ces rockers honorables (en surface) laissent transparaître les substrats d’une force subversive gorgée de fuzz dont la capacité de nuisance devrait inquiéter Berlusconi et ses fantassins. Redoutablement efficace, la musique d’OJM distille un venin qui se répand insidieusement dans l’organisme. L’excellente reprise du « TV Eye » des furieux de Detroit donne à penser que l’anticorps est connu de longue date. Inoculation. Et pourtant. Dans sa foulée, « As I know », fulgurante épopée powerpop laisse entrevoir une accalmie. Le poison est maîtrisé. Du moins est-on tenté de le croire. C’est sans compter qu’il reste trois morceaux. Nouvel embrasement des chairs. La menace resurgit. Ce disque vous estourbi. Vicieux et maîtrisé, l’art perfide d’OJM est d’imprégner votre conscience de sa beauté glauque. Ciguë post-moderne dont on se délecte sans la moindre lassitude.
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