Débarqués tout droit de Finlande avec sous le bras rien de plus qu’un EP et quelques titres postés ici ou là, Orbiter signe ici son premier album chez l’excellent label italien Argonauta. On va pas vous la jouer érudits de comptoirs, c’est à peu près tout ce qu’on sait sur eux avant de jeter une oreille sur leur disque.
Des groupes comme ça, sur le papier on en voit défiler plus que vous ne l’imaginez, mais certains ont un petit quelque chose qui fait la différence, et c’est le cas de Orbiter. Musicalement, le groupe se complait dans un doom psych mélodique de très bon goût, sorte de mix entre Acid King et Mars Red Sky. A ce titre déjà, la galette constitue un vrai modèle de maîtrise stylistique, de cohérence, qu’il s’agisse du son (ce son de fuzz subtilement crunchy fait des ravages), de la rythmique, de la prod… Mais le quatuor se distingue par deux facteurs parfaitement complémentaires : son chant, assuré par Carolin Koss, est absolument envoûtant. Pas vraiment dans la catégorie ni des chanteuses très lyriques, ni des chanteuses metal, ni des chanteuses neo-folk torturées qu’on voit fleurir dans les festivals fragiles, Koss évolue un peu entre tout ça, avec cette nonchalance qui évoque tant Lori de Acid King, mais avec un style très déroutant : l’impression de chanter tout le temps plusieurs tons trop bas, toujours sur une sorte de fil fragile, au bord du précipice, et en tout cas jamais dans la fausseté. Les premières écoutes sont confusantes et malaisantes, vous verrez, mais très vite ce champ impeccalement adapté se fait addictif et parfaitement calé sur les lignes mélodiques.
Le second facteur de réussite du disque tient d’ailleurs dans ces mélodies impeccables, remarquablement inspirées. Les riffs imparables défilent dans nos oreilles pour notre plus grand plaisir sans jamais tomber à côté (“Raven Bones”, “Silence Breaks”, “Last Call”…) et sont enrobés d’arrangements impeccables (louons un beau travail de production) et surtout de subtilités d’écriture amenant ces compos à une certaine transcendance : on notera en particulier le final de “Beneath” et sa montée en tension remarquablement construite, la section a capella au milieu de “Hollow World”, l’intro de “Last Call” et son final presque groovy…
Au débit du disque on notera néanmoins quelques morceaux dispensables, comme l’instrumental bruitiste “Transmissions” enchaîné à l’acoustique “Under Your Spell”, assez réussi en soi, mais qui plombent à eux deux un peu l’ambiance de cette seconde face (pour 38 min de musique en tout, on est en droit de faire un peu la fine bouche). Reste que le crédit du disque est plus que favorable, et nous permet de découvrir un groupe fort intéressant.
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