Nul besoin de refaire ici l’histoire : des débuts à l’oubli jusqu’à sa résurrection, Pentagram aura tout vécu. Véritable phœnix revenu d’entre les cendres que Bobby Liebling n’aura pas eu le temps de fumer, le quatuor américain fait depuis tout son possible pour regagner sur Black Sabbath un peu du terrain perdu, publiant tout et parfois n’importe quoi. Des compilations aux lives en passant par les différentes incarnations de groupes satellites (Death Row, Bedemon, Bobby Liebling’s Ram Family), les sorties en rapport avec la légende de Washingtown D.C. sont nombreuses, sur des labels aussi divers qu’improbables (Black Widow Records, Svart, Metal Blade, Relapse, Doom Capital et Peaceville donc). Last Rites, sorti en avril 2011 signait le retour à la composition de Liebling et sa bande mais pêchait par une production trop métallique. Il faut dire que la situation particulière de Pentagram, finalement nouveau sur la scène mais disposant d’une discographie longue comme le bras, a de quoi saturer de musique l’auditeur qui aurait décidé de se pencher sur la musique du groupe.
De tournée en festival, le quatuor s’affiche partout (« En 55 ans je n’avais visité que quatre états. Ces trois dernières années j’en ai traversé 46 et me suis rendu dans 33 autre pays ! » disait Liebling lors d’une interview pour Tracks) et il ne restait plus qu’à cette mouture moderne de Pentagram (Victor Griffin à la guitare et les plus jeunes Greg Turley et Pete Campbell pour la section rythmique, deux recrues made in Place of Skulls) de s’imposer par la réalisation d’un disque solide.
Curious Volume a tous les pourtours d’un album mésestimé : à première vue, ce dernier semble n’être qu’un patchwork de titres ressortis des tiroirs (« Earth Flight », « Lay Done And Die » et « Sufferin » ont été composés dans les années soixante dix, tandis que le punkoïde « Misunderstood » vient de la décennie suivante et « Because We Made It » des 90’s) agrémenté des dernières fulgurances studio d’un groupe décidé à ne plus perdre de temps. Le résultat pourtant donne une toute autre impression : en effet le Pentagram nouveau ne manque pas de cohésion. Convoquant les racines heavy doom du combo (Le ligne vocale de « Walk Alone », les ambiances de « Because I Made It ») toujours porté par le grain de guitare magique de Griffin et la voix si particulière de Liebling, Curious Volume ose même quelques effets plus modernes, comme le chant de Liebling sur « The Devils Playground » rappelant Neil Fallon ou les chœurs angéliques à la fin d’« Earth Flight ». Même si le disque paraît rêche au premier abord, il se révèle riche et plein de vie, rappelant un peu les standards du doom 80’s, Saint Vitus en tête. Par ailleurs, et c’est là l’essentiel, de nombreux titres majeurs, tels que « Lay Down And Die », « Misunderstood » ou la génialissime « Because I Made It » s’incorporeront à merveille aux sets du groupe lors des futures tournées.
Il paraît peu probable que Curious Volume vienne titiller le sacro saint triptyque Relentless/Day Of Reckoning/Be Forewarned dans le cœur des fans, mais reconnaissons tout de même qu’il s’agit là de ce que le combo a produit de meilleur depuis 1994. Une autre vie, une autre époque.
Point Vinyle :
Peaceville Records, label bien plus metal que stoner ou doom est adepte de la sobriété en matière de Lps. Chacune de ses publications subit un traitement aussi classique qu’efficace et Pentagram n’échappe pas à la règle : Curious Volume est donc disponible uniquement en édition black Lp, 180gr pour une quinzaine de livres. Et il est inutile de s’attendre à une quelconque édition limitée.
(Pour donner votre note,
cliquez sur le nombre de cactus voulus)
Laisser un commentaire