Lorsque j’ai découvert Phased sur scène un peu par hasard il y a quelques mois, ce groupe avait déjà une longue histoire derrière lui. Le genre d’histoire compliquée émaillée de changements de nom et de personnel, de nouvelles directions musicales, de tournées annulées et de sorties confidentielles sous différents formats (dont un 7′ injouable car bombé à la laque et à la peinture orange ! Je me demande s’ils en ont vendu beaucoup). De la formation originelle, seul subsiste aujourd’hui Chris Sigdell (chant et guitare), d’origine suédoise mais établit en Suisse depuis longtemps, désormais épaulé par un batteur finlandais et un bassiste suisse.
Ce mélange de nationalités trouve sur Medications un écho particulier dans le mariage d’influences très diverses qui composent le style de Phased et qu’ils définissent comme étant du Psychedelic Deathrock, ce que d’autres considèrent comme la rencontre entre Hawkwind et Black Sabbath, soit du Space Rock bien plombé matiné de punk attitude auquel la production de V.O. Pulver (Gurd) ajoute un petit cachet métal dans la façon de traiter les guitares. Les vocaux martelés avec une rigidité toute germanique (impression renforcée par la façon qu’a parfois Chris de rouler les r, malgré ses origines) ne font rien pour atténuer l’aspect sévère et sombre d’un album qui traite essentiellement des effets néfastes de substances altérant la perception, même si on suspecte les membres du groupe de maîtriser l’art du second degré avec subtilité. Phased ne propose rien de fondamentalement novateur et revendique les mêmes influences que la majorité des groupes stoner, parmi lesquels on peine néanmoins à leurs trouver une comparaison pertinente. En cause, une façon unique d’imbriquer les différents éléments constituant leur son qui interdit de les affilier à une catégorie précise.
L’album s’ouvre sur Worship the Sun, un titre très lourd au ton résolument doom qui faisait défaut sur l’opus précédent, Music for Gentlemen, avant de bifurquer vers des compos aux tempos plus soutenus tel Back in Time ou Reminder, un morceau au riff ultra-basique et à l’urgence toute rock’n’roll qui flirte même avec le punk. De temps à autre un break salvateur vient aérer le propos, comme c’est le cas sur Sausage Tricks où la basse se fait soudain groovy pour amener le morceau vers une conclusion toute en douceur, ou au contraire l’alourdit sur Frozen Buds avant que les guitares frénétiques ne reprennent leurs droits. En s’appuyant sur des riffs simples et une rythmique très carrée, Phased nous offre dix titres directs et variés, sans fioritures et bourrés d’influences parfaitement digérées à consommer directement. Et çà fait un bien fou de pas trop se prendre la tête de temps à autre.
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