Non, vous ne rêvez pas, sont bien crédités pour ce premier titre les musiciens de Pink Floyd et non le géant Moss. Normal pour un expérimentateur comme lui de reprendre un groupe qui fut lui aussi à la pointe de l’innovation. En fait, Moss annonce la couleur en gros sur la pochette parodiant celles des sorties classiques ou jazz, cet album qui n’en est pas un (catalogué ep ou lp, cela dépend selon les sources), sera la synthèse de mois d’expérimentations sonores centrées sur un effet propre à l’amplification électrique, le feedback ou boucle sonore expansive.
Ce premier titre, donc, vous cueille d’emblée par ses 12 minutes et illustre parfaitement ce terme de synthèse, puisqu’il est en fait composé de 4 ré-interprétations du titre de la bande de Waters. Ce ne sera pas le seul morceau maltraité, puisque Lemmy en fait aussi les frais via 3 versions de son titre ‘Sister’.
Moss montre également qu’il n’est pas un simple musicien mais aussi un compositeur et nous assène entre 3 titres, disséminés ici et là, de pur feedback (totalement déjantés et excellents mais sans aucune aspérité mélodique à laquelle se raccrocher, vous voilà prévenus), de graves morceaux plombés de stoner/doom, à la production sans doute moins puissante et massive que son successeur, mais tout aussi appréciables.
La lecture du livret s’avère très enrichissante tant les premières écoutes de ce disque nous laissent perplexe devant un tel mur de saturation poisseuse ( la voix lymphatique d’ours mal léché de Moss renforçant ce sentiment de malaise). On y apprend que forcé à un mutisme total suite à une opération des cordes vocales (nodule formé suite à des années d’excès, si ça peut en avertir certains), Moss et son compère de studio Goldring durent communiquer par signes puis s’inventèrent carrément des dialogues soniques (comme le démontre la conversation de guitares de ‘Feedback IV’).
Cet exemple vous aura fait comprendre, j’espère, que ce disque est bien moins terre à terre (ou plutôt cieux à cieux dans ce milieu) que la plupart des productions habituelles du style. Moss explore la saturation comme d’autres la biologie moléculaire et même si l’on n’a pas besoin de doctorat pour l’écouter, cet album nécessite bien plus d’attention et de concentration que la cacophonie des premiers passages sur la platine ne le laissait penser.
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