Avis de Brotherfab
Récapitulons. Porn est le groupe de Billy Anderson (producteur de tout premier plan ayant travaillé avec Cathedral, Eyehategod, High On Fire, Los Natas, Melvins, Neurosis, Sourvein, Sleep, Unsane, etc.). Ce qui donne une idée du personnage et de la qualité de son travail. Et le gaillard sait s’entourer. Encore une fois, il recourt aux services du talentueux Dale Crover, batteur des Melvins. Mais également à ceux de Tim Moss, chanteur et guitariste, timbré notoire, ayant officié au sein de Ritual Device dont la voix évoque quelquefois celle de Judah des Thrown Ups, autre groupe de barges magnifiques.
Donc, nous voici en présence du tout meilleur album de Porn. Ou chaque musicien apparaît profondément inspiré. Tirant le meilleur parti de son instrument. Pour en extraire des sonorités d’une étrangeté peu commune. Le tout magnifié par un son d’une densité phénoménale. Un peu comme si Killdozer s’était mis à pratiquer un doom énigmatique en son temps.
Bref, pas la peine d’en rajouter, ce disque est un must. Il ouvre sur de mystérieux horizons dont les contours sont encore difficiles à cerner. Ce qui le rend aussi jubilatoire. Un avis que partage probablement le grand Frank Kozik qui, une fois encore, a fort joliment habillé ce disque.
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Avis de Thomas :
Les (Men of) Porn (qu’on pourrait appeler (Man of), finalement) ont plus d’un point avec les Melvins, quand on y regarde bien :
– Porn, c’est le projet d’un seul homme, le géant Tim Moss (aux troublantes ressemblances physiques avec un autre monument de la nature, Scott Reeder) comme on peut considérer les Melvins comme le groupe de Buzzo sans trop frustrer les fans (non? pas taper! pas taper!), faisant appel à des musiciens interchangeables de sessions ou pour le live.
– Porn est également un laboratoire d’expérimentations sonores. Moss se permet tout. Mais au lieu de faire dans le délire sauvage et incompréhensible comme la bande à Tahiti Bob, il recherche l’abrutissement auditif via des fréquences et une saturation abusive.
– Porn possède un son aussi salement plombé que le duo de Seattle à l’époque (bénie) de Ozma/Bullhead/Lysol.
– Enfin, Porn et les Melvins, tout du moins sur ce disque, se partagent le même batteur, l’infatigable Dale Crover.
Sur ce disque, troisième du nom, on retrouve Moss, Crover derrière les fûts et Billy Anderson à la fois à la basse, aux beuglements occasionnels (souvent donc) et à la production. Et ça s’entend ! Quel son, quelle densité palpable ! Etouffant, suffoquant, redéfinissant le qualificatif « lourd ». Je crois qu’à ce stade, seul un disque de Warhorse peut rivaliser. Chaque coup de boutoir de Crover malmène votre rythme cardiaque ; mais quelle frappe de mule ! A la fois puissante et véloce, je n’en revient toujours pas.
En bref, cette espèce de dream team burnée démontre qu’il faut parfois être des mecs salement expérimentés pour donner naissance à un vrai disque aussi vicieux. Le tempo est lent, les riffs stoner à la limite de la tétraplégie et pourtant, qu’est ce que ça groove. Vous vous imaginez sûrement un disque dissonant, quasi sludge. Que nenni, pas la moindre trace d’un larsen ou d’un grésillement impromptu, ces mecs maîtrisent leurs instruments et frappent là où ça fait mal. Les voix sont éraillées mais pas gueulardes, les mélodies bien là mais nous sommes bien trop occupées à survivre à la première écoute pour y faire attention.
Ce disque est une épreuve mais aussi une magnifique démonstration de rock poisseux et maladif. Une ode à lourdeur et à son ambassadrice, la saturation.
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