On se fait avoir comme des bleus à chaque fois : tous les ans ou presque, Wino nous sort un nouveau disque / projet, on s’attend à une resucée, et paf ! On la prend quand même en pleine tronche. Il nous avait fait le même coup successivement avec Spirit Caravan, The Hidden Hand, Place Of Skulls. Le bonhomme s’était néanmoins un peu dispersé ces derniers temps, avec Shrinebuilder (superbe projet qui sentait bon le souffre sur le papier, mais qui s’est avéré sentir un peu le pétard mouillé au final) ou son disque « solo » un peu mou, mais bien foutu. Wino reprend donc les chemins assez balisés du gros stoner dont il a le secret pour sa traditionnelle sortie annuelle. On ne va pas s’en plaindre ! Il s’allie pour l’occasion avec un très bieux pote, Jim Karow, qui partage avec lui les guitares (et quelques lignes vocales). Le groupe s’est fait accompagner par quelques musiciens « prétextes » pour sortir ce disque sous le décidément très inspiré label Volcom Entertainment.
Même si musicalement on ne tombera pas à la renverse, on reste bluffé par le talent du bonhomme : sans jamais se détourner de son genre musical de prédiction, il parvient à nous pondre une galette variée, intéressante, sans temps mort. Une sorte de quintessence du genre, sans trop d’efforts, où les titres déroulent leurs riffs dans un flux ininterrompu, servant des titres efficaces, à la prod balaise et modeste à la fois (du gros son, mais pas de chichi). Les compos, on le répète, vont taper un peu partout dans l’historique plus ou moins récente du père Weinrich. Le riff introductif de « B.E.A.U.T.Y. » est superbe de doomitude subtile, un mélange impeccable de vieux Sabbath noir et de St. Vitus, tout comme « La Hachicera ». «Hard To say » rappelle plutôt The Hidden Hand baigné des licks de guitare infectieux de The Obsessed (et oui, Premonition 13 est l’une des premières expériences de Wino à deux guitares), « Clay pigeons » rappelle un peu de Spirit Caravan. Bref, on va pas vous la faire par le menu, vous avez compris : c’est du Wino dans le texte, et on va pas s’en plaindre. Passés ces premiers titres parfaitement réussis et assez conventionnels, le bonhomme se fait quand même plaisir avec cette paire de guitare pour pondre un gros morceau de rock n roll fuzzé (!!) avec « Deranged Rock’n’roller », ainsi qu’une sorte d’hymne pop-stoner (!!?!) avec le détonnant et naïf « Modern Man ».
Avec un peu de recul, Wino donne (à son habitude) l’impression au premier abord de se reposer un peu sur ses acquis, mais au bout de quelques écoutes, et à travers quelques titres en particulier, on note que le chanteur-guitariste se renouvelle, innove, et renforce ses acquis. Le tout en se faisant plaisir, et sans trahir sa fan base. Belle performance (et accessoirement, bel album).
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