Grâce à Throatruiner, label français qui fut à l’origine du premier pressage de Scorn pour l’Europe en 2013, nous autres suiveurs attentifs de la scène sludge avons pu profiter, dès le départ, de la sensation Primitive Man. Signé très vite par Relapse, cet album a fait le tour du monde du metal, de ses bacs à disques et de ses festivals, tant le propos de Primitive Man est nihiliste et oppressant, blackened sludge radical. Une coulée de boue empruntant aux musiques extrême ses gimmicks les plus marquants mais un disque qui, au final avait tendance à s’écouter jouer un peu trop, sur lequel les volontés grindcore se disputaient l’apocalypse à la grande dépression doom dans un fatras pas toujours cohérent. L’EP Home Is Where The Hatred Is avait déjà un peu corrigé le tir, gardant à l’esprit cette production épaisse et ce son radical, tout en accommodant savamment accélérations et breaks de pachyderme. Plus viscéral, il semblait avoir mis Primitive Man sur de bons rails et Caustic vient confirmer la franche évolution du trio de Denver, Colorado vers quelque chose de bien plus absolu.
Car Caustic est définitivement un disque de doom. Un disque au tonnage indécent. Un disque affranchi des hésitations stylistiques passées. Un disque corrosif (Caustic) dans tous les sens du terme. Un disque rehaussé par l’excellent travail de production de Dave Otero (spécialiste du death metal moderne, de par son travail auprès de Cattle Decapitation ou Cephalic Carnage, on lui doit aussi Slow Forever de Cobalt, un album formidable masquant par sa production toutes les lacunes du groupe). Puissamment lourd, terriblement lent, Caustic est l’extrême expression d’un metal funéraire et désespéré. « My Will » ou « Commerce » (et son final dantesque) sont à ce titre d’éprouvants moments de bonheurs musicaux à la noirceur sans concession. Le disque creuse, encore et toujours plus profond dans les turpitudes de l’âme humaine et déverse dans ce sillon haine et douleur, comme lors des 12 minutes du sordide « Inevitable » durant lesquelles l’agonie est totale et le pessimisme à son paroxysme ou le pont strident et tétanisant d’« Absolutes », un moment qu’une écoute au casque prolongée pourrait transformer en délire schizophrénique sans trop de difficulté.
Bien sûr le jusqu’auboutisme musical rend le disque quelque peu anxiogène et difficile à digérer, il est évident qu’une telle pièce est difficilement appréhendable en une seule fois. C’était, à mon sens l’intérêt de l’EP. La longueur de ce disque – un peu plus d’une heure – transforme ici l’écoute en une expérience sensorielle qui ne se tente pas à n’importe quel moment de la journée. Reste que Primitive Man a trouvé son mode d’expression et il est particulièrement radical. A vous de le savourer ou de fuir si tant de violence vous effraie. Nous aurons la décence de ne pas juger.
Point Vinyle :
Relapse Records fait dans le subtil, avec deux versions couleur « os » de saison, l’une tachetée de noir (300ex) et l’autre moitié/moitié entre les tâches noirs et celles blanches (100 exemplaires, patch inclus). 100 exemplaires de la version « Clear » sont également partis pour les plus prompts. Pour finir, et pour satisfaire ceux qui ne courent pas après les raretés, 1550 disques noirs se sont également échappés de la presse.
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C'est très trèèèèès doom (trop pour moi) !