Nourri au sein de notre doom-mère à tous, élevé au grain enrichi en proto-metal, et maintenant offert à tous par le (nouveau) grand pourvoyeur qu’est devenu Ripple Music, voici le dernier rejeton de la famille: Red Wizard. 5 garnements qui en 2010 ont décidé de laisser parler leur amour pour une musique non actuelle et de le faire avec passion. Animés par cette flamme obscure, les voilà à écumer les bars et les divers scènes de San Diego pour marche après marche gravir l’échelle d’une reconnaissance non déméritée. Un premier EP en 2014 les vit s’affranchir des barrières régionales et ce premier album va de fait leur ouvrir les portes vers l’infini et l’au-delà. Il est grand temps de laisser les oiseaux quitter leur nid et les voir s’envoler sous l’apparence de ces funestes sorciers rouges.
Si toi aussi tu aurais souhaité entendre les premières reprises de Black Sabbath par l’un des big four du thrash au temps choyé des débuts des années 80, ton rêve pourrait se concrétiser avec cette album. La parenté avec les géniteurs de la scène est évident dès les premières chatoyances de la basse de “Tides of War” mais très vite on sent que Red Wizard n’a pas laissé la deloreane en 70, et a su adjoindre à cette influence (majeure) les épices des générations suivantes de défenseurs du riff lourd. La production bien léchée évite également l’écueil du groupe revival et propose un son rond et puissant à pouvoir décoller les tympans de tes voisins. Le groupe n’œuvre donc pas dans la simple copie (déjà difficile à maîtriser) mais par son culot et sa générosité arrive à creuser son sillon dans ces terres maintes fois labourées par des bucherons pourtant avisés.
Musicalement l’assise est solide. Prodiguée par une efficace paire basse/batterie qui, sans transpirer de facilité, défend massivement son bout de gras face au duo de guitares qui se révèle, au fil des riffs, charpentée pour tenir la route d’envolées solistes de première bourre. Tout ce petit monde offrant une literie king size avec renfort des lombaires pour la grosse voix du sorcier prédicateur. La messe (noire) ne saurait être dite et entendue au milieu des légions de doomeux/proto-metalleux sans les grasses cordes vocales légèrement râpées qui clairement distinguent Red Wizard. Les années feront certainement mûrir ce chant qui ne demande qu’à biberonner plus de jack que raison ne veut, pour en faire un vocaliste de renom. Mais déjà sur des titres comme “Temples of Tennitus” et “Blinded”, l’ombre des Grands se fait sentir et pas qu’instrumentalement.
Les californiens avec leurs trois premiers titres marquent leur territoire et démontrent leurs intentions: ils ne sont pas là pour faire de la figuration et préparent le terrain pour la conquête finale que sont “Cosmosis”, pièce maitresse de plus de 10 minutes avec son passage psychédélique qui laisse envisager des heures prometteuses de jams enfumés, et le triptyque “The Red Wizard Suite” qui sans lien fort entre les différents volets ouvrent également son champ de perspectives. Quand les mélodies bluesy rencontrent le matraquage de nuque, se révèle alors tout le potentiel du quintet. Car sans être un album essentiel ce “Cosmosis” de Red Wizard est un très bel acte de naissance. Groupe à suivre assurément le temps de prendre un peu de bouteille et à déguster dès maintenant sans modération.
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