Un abonné absent pour parler d’un groupe abonné absent depuis une décennie, cela va de soit.
Le groupe en question ? Sloth. L’anglais, qui jouait du doom teinté d’occultisme et de psychédélisme (j’en ai dénombré trois voir quatre, dur de s’y retrouver, celui incriminé est chroniqué ici-même par votre serviteur). Un one shot qui a conservé dans mon panthéon sa place tout en haut, juste en dessous d’un certain Let us prey de qui vous savez, qui jouait dans la même cour, celle d’un doom anglais aussi lourd que porté sur l’expérimentation. Bref, vous vous en souvenez ? après avoir attendu en vain durant 10 ans donc une suite, avec quelques sursauts d’excitation (live avec les sorciers du Dorset et la première mouture des capricornes qui copulaient alors avec les singes de fer et les gobelins oranges, annonce d’un second album sur leur page myspace naissante), j’ai appris de source sûre la défection définitive d’un de mes groupes favoris. Ce que j’allais le plus regretter ? le chant magistral de Gaz.
Serpent Venom, j’avoue avoir laissé filer toutes les occasions de m’intéresser de près ou de loin à leur genèse. Pourtant je fréquentais à l’époque assidûment les bonnes places. Ce n’est qu’à la sortie de ce digibook soigné, plagiant les bouquins de magie noire de Dennis Wheatley et les pubs bon marchés des pulps anglais des 70’s que j’ai tiqué. Je reste sensible aux packagings, que vous voulez-vous. Et dès les premières minutes, un « détail » m’a titillé. J’avais déjà entendu cette voix. La lecture du livret m’en a donné la confirmation, Serpent Venom est le nouvel écrin de Gaz Rickett’s. Et si j’ai toujours actuellement du mal à me refréner sur la comparaison Sloth/SV (voir ma critique sur le site ami slowend), c’est parce que ce petit lutin anglais y démontre un talent vocal qui n’a pas faiblit en 10 ans.
Si je voulais me montrer plus objectif que sur la lente fin, je dirai que musicalement, Serpent Venom est plus sage, plus respectueux des dogmes doom-atiques . moins de folie dans les riffs qui restent dans le haut panier du registre doom trad, batterie moins titanesque, ambiances moins cyclopéennes. Maiiis, il y a un je ne sais quoi de feutré, chaleureux, folklorique qui fait qu’on s’y attache vite. Ça sent bon le terroir et la magie noire, les légendes de la Perfide Albion. Un disque créé sans doute avec moins d’ambitions que son grand frère mais qui illustre à merveille la bonne santé d’un renouveau doom anglais qui pioche moins dans l’héritage sabbathien (encore que), saint vitusien ou troublien (vous m’excuserez ces barbarismes) que dans ceux de l’ancienne nouvelle garde, Cathedral, Electric Wizard et consorts qui ont défriché le terrain. Retro est le terme utilisé pour désigner ces nouveaux chevaliers, comme Jex Thoth, Serpent Throne, Blood Ceremony et autres bandes bloquée sur les saintes décennies passées. Serpent Venom en exploite certains thèmes, utilise avec gourmandise d’orgues et d’effets cosmiques, mais les associe à ce qui faisait la force de The Voice of God, The ethereal Mirror ou encore Dopethrone. Un résultat satisfaisant sublimé par l’apport de Gaz, j’y reviens. Un chant incantatoire, épique, lyrique sans être ridicule qui soyons honnête m’a fait accroché direct mais le cas aurait été le même s’il avait décidé de se mettre au zouk. Certains passages tant sur le plan instrumental que vocal valent réellement leur pesant de cacahuètes.
On en sera que plus déçu d’apprendre qu’à la fin de leur tournée européenne, le groupe ne sera déjà plus, tout du moins sous cette forme. Un des guitaristes s’en allant pour diverses raisons. Le reste de la bande a décidé de poursuivre sous un autre nom, avec de nouvelles livrées. Reste à savoir si cela prendra encore dix ans avant de réentendre ce bon vieux Gaz.
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