Il n’y a pas beaucoup de déserts sur les rives du Lac de Genève, mais il y a un trio instrumental qui balance depuis 15 piges un groove emprunt de la marque du son de la Californie du Sud. Après « And Water Flows » en 2013 et « Below The Eternal Sky » en 2018, la triplette helvétique se rappelle à nos bons souvenirs avec une digression autour des créatures, histoires sans parole, mais avec une putain de rythmique, captée en banlieue de la Cité de Calvin.
Avec un effectif stable depuis les débuts de cette aventure musicale, Six Months Of Sun croise régulièrement notre route pour balancer des sets follement intenses au cours desquels nous avons toujours été musicalement comblés et fort enthousiasmés. L’énergie live de c’t’équipe a été remarquablement transcrite par Serge Morattel au Rec Studio du Lignon (dans la cité où j’ai poussé) qui s’est chargé de la captation, du mix ainsi que du mastering et c’est au duo Cold Smoke Records (à qui on doit notamment les sorties de Hey Satan fans le rayon qui nous touche) et Urgence Disk (le label hyper prolifique et complètement touche à tout mené par mon pote Dam dans les murs de l’épicentre culturel de Genève : l’Usine ; une structure qui comptabilise pas loin de 370 sorties excusez du peu) que nous devons cette production qui fait grave taper du pied.
Musicalement, les connaisseurs de l’assemblée vont y retrouver leur compte avec une architecture stable question déploiement des titres : Christophe Grasset à la guitare vient plaquer des riffs distordus sur une énorme structure rythmique menée par Daniel Stettler qui tape telle la mule sur ses fûts et Cyril Chal qui envoie des grosses lignes de basse (remarquablement mises en avant par l’ingé-son) ; « Gevaudan » en étant l’illustration parfaite. Constitué comme une oeuvre à dévorer chapitre après chapitre (et pas comme un alignement de titres à se cogner indépendamment les uns des autres comme la consommation de masse nous le propose actuellement), ces 9 plages se succèdent de manière cohérente en osant parfois prendre des chemins de traverse, mais en ne décevant jamais sur les 35 minutes de temps de jeu. Les ovnis (« Dobhar Chu » et ses nappes synthétiques) ou le final électronique (« Dahu » qui est un peu la victoire des machines sur le power trio) soutiennent un alignement d’ogives comme « Jersey Devil », « Vatnagedda » ou « Shai-Hulud » propices à faire lever la cornette aux inconditionnels des regrettés Karma To Burn (pour qui le gratteux avait ouvert lors d’une Fête de la Musique mythique à Genève avec un autre groupe).
Difficile de ne pas se laisser séduire par une production d’un tel niveau qui vient soutenir la forme phénoménale de notre scène francophone laquelle ne s’arrête pas aux frontières de la Macronie (c’est Schengen les gars !). Ca sort juste avant que le barbu vêtu de rouge vienne se perdre dans les cheminées régionales alors faites-vous plaisir et ruez vous sur cette galette de grande classe dont « Ningen » est la fève qui va vous défoncer les dents. Merci les 3 rois mages : vous me faites sacrément plaisir avec cette livraison du terroir qui démontre encore une fois que nos régions ont un putain de talent !
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