Ummon est le petit dernier de Slift, trio toulousain versant dans le space, psyche barré astral. Cette sortie chez Vicious Circle et Stolen Body Records est joliment illustrée par Caza, dessinateur ayant fait ses preuves notamment chez Métal Hurlant où Pilote et édité chez Dargaud, Les Humanoïdes associés ou encore Delcourt. Excusez-moi du peu! Donc si le ramage se rapporte au plumage, avant même d’avoir fait tourner l’objet on est en droit d’attendre de la qualité.
La qualité ne tarde pas à faire son entrée avec une avalanche de notes pour introduire la plaque sur “Ummon”, titre éponyme puissant tout autant que profond. Voilà qui ne laisse présager que du bon pour la suite. Du bon, mais du complexe. En effet, car plus on déroule l’objet plus on s’y perd. L’œuvre est dense et le trio a fourni beaucoup de boulot pour se faire plus gros qu’il n’est. Leur space rock tout à la fois massif et aérien (A ce sujet je recommande “Citadel On Satellite”) donne l’impression que le trio est en fait foule comme le démontre la densité de “Hyperion” qui englouti l’auditeur.
J’en viens à repenser à l’artwork issu d’une époque où les dessinateurs de SF donnaient dans les encrages gluants et organiques. Une époque où la SF en BD était faite de violence et de sexe. N’allez pas me demander pourquoi mais chez Slift il y a de ça, le groupe sent l’humanité à plein nez et même si les toulousains font voyager l’auditeur en plein space opéra sur “Hyeprion”, le chant scandé appuyé par la batterie donne envie de se jeter dans l’orgie avec eux, d’invoquer des créatures venues d’ailleurs avec la prière “Altitude Lake” et de caresser la basse ténue et soyeuse qui coule en arrière-plan de “Sonar” où l’ensemble flirte allègrement avec le jazz fusion.
Le chant porte de façon singulière tout l’album, renforcé d’effets il amplifie le propos et participe de cette sensation enveloppante qui caractérise l’écoute. Mais comme déjà dit, l’effort n’est pas monolithique. “Lions, Tigers and Bears” et son pont qui accélère pour offrir l’espoir d’un décollage intergalactique démontre une fois encore que toute la force du groupe est de ne pas jouer dans la convenance, l’explosion n’arrive pas et ce pont s’enfonce vers des abysses doomesques surprenantes au milieux d’une galette qui n’en a en rien les oripeaux. Ummon est protéiforme et c’est l’occasion une fois de plus de le rappeler.
Ummon est un album dont il est compliqué de parler tant la richesse qu’il continent à tendance à noyer l’auditeur. Ce qui est certain c’est que cette richesse fait la force et la faiblesse de l’œuvre. Il est difficile de graver la plaque dans sa mémoire car elle regorge de variations. Slift affirme autour de cet album son humanité, tout en même temps forte et faillible, le trio donne beaucoup de grain à moudre à celui qui se donne la peine de revenir sur l’écoute avec attention et c’est bien ce qui fait la qualité de cet album d’une durée exceptionnelle de plus d’une heure.
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