Sonic Flower est avant tout le side project (second groupe ?) de Tatsu Mikami, emblématique et indéboulonnable leader de Church of Misery. Le groupe, mis en sommeil pendant le plus clair du XXIème siècle, a été ranimé il y a quelques années par Mikami, qui semble vouloir redonner un semblant de “vie” au groupe (side project ?). Comme il l’a toujours fait avec ses groupes (par obligation et contrainte plus que par envie, on le présume), le bassiste s’entoure de musiciens d’opportunité, parvenant difficilement à les fidéliser sur le long terme (tout en sollicitant souvent de vieux potes, les faisant passer d’un groupe à l’autre le cas échéant…). Les deux premiers albums nous avaient laissé une impression un peu mitigée, entre constat implacable de la qualité musicale proposée, et ce sentiment d’une production qui ne se démarque pas assez, s’exposant à une “durée de vie limitée”. L’enjeu de ce troisième disque est donc avant tout de voir si le groupe se donne les moyens d’aller plus loin et plus fort, dans un paysage musical bien chargé en groupes se revendiquant d’influences 70’s.
Très rapidement on doit admettre que la configuration proposée ici séduit, à plus d’un titre. Déjà, le groupe propose désormais du chant, et par ce biais se détache un tout petit peu de ce sentiment (un peu subjectif) d’un simple jam band de psych rock sans valeur ajoutée, juste bon à enregistrer ses albums lors de répètes entre potes dans leur cave. D’autant plus que ledit chanteur, Kazuhiro Asaeda (qui a traîné ses guêtres il y a une vingtaine d’années dans… Church of Misery !) n’est pas mauvais, loin s’en faut, aportant un chant rauque et chaleureux à l’ensemble. Avec son apport déjà, pas mal de choses s’éclairent. Avec ensuite Fumiya Hattori à la guitare, une image plus claire encore du groupe se dessine : peut-être moins axé sur le feeling (comme pouvait l’être sa prédécesseure Arisa), Hattori est un guitariste doué, actif et performant autant sur le plan lead que rythmique, apportant une vraie densité au disque. Toshiaki Umemura vient compléter le line up à la batterie, finissant le portrait d’un groupe tout neuf (autour de Mikami, donc…).
Nouveau line up, nouveau potentiel de composition (avec l’apport du chant notamment), et donc nouvelle dynamique pour le groupe. Positive ? Assez franchement, oui. Me And My Bell Bottom Blues n’est toujours pas, à l’image de ses prédécesseurs, un disque révolutionnaire – mais honnêtement, peut-on décemment attendre celà de groupes farouchement porteurs de l’étandard rock 70’s ? Le visage proposé par cette nouvelle incarnation de Sonic Flower est résolument plus blues rock, là encore le virage est tangible, audible notamment au travers des jams proposés au coeur des différents titres. Pour illustrer facilement ce constat, il suffit d’écouter “Quicksand Planet”, qui figurait déjà sur l’album précédent en mode rythmique psych et envolées de leads à gogo, et qui est ré-interprété ici, avec chant puissant, riffs acérés et solo bluesy bien maîtrisé. Ca n’empêche pas le titre de garder cette fraîcheur jam à travers une envolée à fond de Wah-wah “sauce Earthless”, mais le tout est carré, sous contrôle. De là à dire que tout est parfaitement ciselé, il y a un pas qu’on ne franchira pas, certains titres se prétant plus que d’autres à de copieux étirements jamesques – un peu trop généreux parfois, à l’image de l’indolent “Poor Girl”, qui traîne sa mélodie entêtante sur plus de huit minutes de soli divers et breaks variés, ou encore du titre éponyme, qui sur presque 10 minutes, s’appuie sur son (très efficace) gimmick mélodique pour envoyer des gerbes de leads un peu dans tous les sens. Dire qu’on n’y prend aucun plaisir serait toutefois un éhonté mensonge. En revanche, ces titres moins “maîtrisés” nous ramènent à la version précédente de ce groupe, qui du coup donne l’impression de ne pas avoir terminé sa complète mue.
Mais l’essentiel du constat reste valable : même si l’on serait bien en peine de savoir si ce line-up s’inscrit dans le temps, et si le groupe envisage de se projeter sur une activité scénique notamment, on commence en revanche à entrapercevoir la perspective d’un vrai groupe désormais, reposant sur des compos solides. Me And My Bell Bottom Blues est un disque intéressant et très plaisant, qui installe Sonic Flower comme un (potentiel) groupe actif, et non plus ce lointain et intangible projet entre potes. Un combo à surveiller donc.
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