En 2001, alors que vient d’éclabousser le premier véritable LP de son groupe principal Church of Misery (le fondateur Master of Brutality), Tatsu Mikami a déjà les jambes qui le démangent… ou plutôt les doigts. Avec son nouveau guitariste (Nishimura a quitté le bateau quelques mois plus tôt), ils s’embarquent donc dans un side project, Sonic Flower, qui vise à satisfaire leurs déviances jam rock option patchouli. Ils recrutent une autre guitariste et un batteur et s’engagent sur les territoires risqués du projet parallèle… Sorti en 2001 sur le label japonais Leafhound et relativement difficile à trouver depuis, Heavy Psych Sounds profite de la publication de leur inédit second album (une semaine après celui-ci) pour ressortir cette vieille galette.
En six morceaux pour 25 minutes de musique, dire qu’il faut peu de temps pour faire le tour de la bête est un euphémisme. Cela vaut autant au sens littéral que concernant le contenu réel de la galette : les six plages sont fondues à partir du même matériau de base. On est baigné immédiatement dans une succession de jams psyche pur jus : on pense à Cream, Jimi Hendrix, Blue Cheer… mais avec un peu plus de nerfs dans les grattes : même si l’on sent Mikami surnager en fond avec quelques lignes de basse sympa, le mix fait la part belle au duo de guitares, l’une plus riffue, et l’autre plus aérienne, en soli et leads.
On aurait pu penser pourtant au lancement de “Cosmic Highway” que cette base guitaristique fuzzée et gentiment grassouillette, toute énervée, en intro, nous aurait ramené quelques volutes de Church of Misery, mais hormis quelques breaks ou rares passages ici ou là, Sonic Flower n’a pas grand chose à voir : la musique du groupe est 100% instrumentale et respecte à la lettre les codes du jam band heavy rock… mais vraiment à la lettre ! Larvé d’une poignée de riffs sympas mais malheureusement pas toujours mémorables, le groupe fait tourner sa base rythmique et déroule par le menu le manuel du petit jammeur. Cette application extrême peut sembler manquer un peu d’originalité, mais on reste admiratif du talent et de la rigueur de ces quatre nippons. Reste que cette approche musicale qui confine à l’austérité créatrice, implémentée sur des titres qui ‘atteignent jamais la barre des 5 minutes de long (sauf la reprise du standard de Freddie King “Going Down”) – soit une sorte de comble pour un jam band -, ne permet jamais au groupe de se transcender vraiment. Le tout est musicalement et instrumentalement assez linéaire (mon dieu mais faites-lui bouffer cette cymbale crash qui sonne non-stop tout au long du disque – attention à bien régler vos aigus…) et même si les écoutes s’enchaînent avec un réel plaisir, il est difficile d’imaginer ce disque occuper un jour une place référentielle dans le panthéon du psych / jam rock. Un bon travail d’artisan besogneux et respectueux des pratiques des anciens, clairement, mais il lui manque un petit quelque chose, une pointe de folie, pour se distinguer.
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