Des rencontres improbables sur le web ça c’est déjà vu. Mais ici le destin a fait se croiser dans les méandres de la toile, Filip norvégien de son état et Khushal fier représentant de l’Inde. De leurs échanges internautiques est née l’envie de créer en commun. Qu’importe les milliers de kilomètres les séparant, une telle entente musicale devait aboutir. Le fruit de cet amour partagé se nomme Spiral Shades et il est tout sauf défendu.
De quelle musique parle-t-on ? De la source, de l’origine même de notre passion commune, de celle qui prit forme avec un quatuor de Birmingham et autres guitaristes de légende : rock obscure, doom, proto-metal. Comment un style qui se veut l’archétype du groupe, qui joue pendant des heures durant ensemble peut trouver écho dans un duo norvégo-indien ? C’est toute la magie de Spiral Shades. La genèse du groupe aurait été tenue sous silence, on n’aurait eu aucune difficulté à les voir coincés dans un garage à faire tourner les riffs, peaufiner les arrangements, caller le chant. Choses qu’ils ont fait 1 an et demi durant, mais via les nouvelles technologies : bluffant.
Un album qui commence par un solo, ça claque d’entrée. Les bonhommes en ont et ils les posent direct sur la table. « Frustration » lance les hostilités et frappe très fort. Marty saute dans la DeLorean, retour vers les 70’s. Portée par une production cristalline, le groove vous fera succomber à une furieuse envie de hocher la tête, sourire aux lèvres, petit fil de bave à la commissure de ces dernières. Un final avec riffs à gogo pour jam entêtant, les préliminaires sont mis de côté, on est plongé dans le cœur de sujet. « Illuminati » prend le relai de son doom classique et classieux. Vient « Grim Ritual » orgie riffesque de 12 minutes. Ce disque est l’œuvre d’hommes qui ont enregistré le best-of de leurs idées accumulées depuis que leur sang un soir de Sabbat a viré au noir. « Fear » et« Wizardry » avec des formats plus courts démontrent toute l’efficacité dont sait faire preuve les intéressés. « The Slowing Deep » passe pour une reprise d’un tube de l’époque avec ce riff métal en outro qui fait s’envoler le doom de départ. Sachant allier lourdeur des riffs, exécutions précises, solos aériens et voix estampillée « by the appointment of Ozzy » (sans être une pale tentative d’imitation), Spiral Shades c’est la claque doom-rock surgit de nulle part. Une telle collection de bons plans, c’est indécent. Ils nous exhibent tout ça sans retenu, on ne peut que jubiler.
Filip de son joli sens du riff, reprit la majeure partie du temps par la basse, assure une belle assise à ses foisonnants soli bien sentis. Khushal au chant, nous transporte dans son univers de son envoutante voix clair. De ce fait quid de la batterie ? Seul ombre au tableau, c’est une batterie programmée qui tient la boutique. Attention, programmation de haut vol mais une oreille attentive se laissera à rêver d’un plan à trois où le batteur afficherait un insolent feeling comme au bon vieux temps. L’album s’achève avec « Fading Sunlight », petite compo acoustique qui nous sort de l’état d’hypnose dans lequel nous errions, subjugués par les huit précédents titres. Spiral Shades avec son Hypnosis Sessions vient de nous démontrer en 54 minutes que la musique, celle qui vient des tripes, est un langage universel.
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