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Sunnata – Outlands

Pour qui s’intéresse à Sunnata, la nouvelle livraison est forcément attendue de pied ferme tant leur précédente galette nous avait claqué le séant avec classe et fracas. « Zorya » en 2016 était un vaisseau onirique et admirablement bien membré qui laissait peu de répit au palpitant.

Quid de ce « Outlands » ? Les eaux troubles brassées par le groupe se sont-elles éclaircies ? La vase est-elle plus poisseuse chez le voisin d’à côté ?

Ne vous laissez pas berner par la première écoute. Cette coquinette se pare trop souvent des habits du jugement hâtif et pourrait vous faire passer à côté de ce bel album. Pourquoi ? Car « Outlands » est moins direct que « Zorya », moins rentre-dedans. Ses guitares semblent moins énormes, moins tranchantes. Les riffs ici ne sont plus façonnés pour exploser les entrailles. Sunnata est passé à un autre niveau. Ils vous décortiquent les tréfonds de l’âme avant de vous cuisiner les boyaux et le cortex façon Lecter.

Prenez « Scars » par exemple. Plus ramassé dans le temps que ces grandes frangines, le titre réussit la prouesse de faire cohabiter montée messianique et conclusion cataclysmique en moins de temps qu’il n’en faut. Sunnata fait un grand pas en avant sur ce nouvel album concernant son songwriting. Les gonzes ont appris à gérer les frustrations et les attentes, un signe de maturité évident qui parcourt l’ensemble de la production.

Mais voilà, pour apprécier « Outlands » à sa juste mesure il va vous falloir l’écouter encore et encore. Car l’album regorge de détails, dans le traitement des voix, le son de la basse, le jeu de batterie. Chaque écoute apporte son lot de nouveautés, de précisions. L’album n’est pas aussi « tubesque » que son prédécesseur mais il est assurément plus adulte, plus angoissé. Moins certain de ses forces et de sa fougue, le groupe est plus à même de se poser de bonnes questions, de se remettre en cause et d’évoluer. Il le fait magistralement sur le morceau de clôture « Hollow Kingdom » où les musiciens développent sur quasiment 13 minutes une complainte mélangeant noirceur doom, psychédélisme froid et interrogation majeure.

Il est tout de même étonnant de constater que les polonais naviguent encore sans label. Quand on voit le nombre de groupes fadasses qui en dégotent un, on se demande comment il est possible qu’aucune structure ne se soit penchée sur les polonais. Ils signent avec ce « Outlands » une belle progression dans leur carrière, un vrai gros disque, mature et sérieux. Il manque peut-être un ou deux titres plus faciles d’accès pour en faire un objet complet mais c’est encore une franche réussite pour Sunnata.

Note de Desert-Rock
   (7.5/10)

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