Du désormais incontournable label californien Riding Easy Records, chacun connaît les grandes réussites doom, aux accents souvent psychédéliques (Monolord, Salem’s Pot, Spelljammer ou plus récemment Holy Serpent) voire les saillies retro rock, à originalité variable (Electric Citizen, Mondo Drag, The Well, Slow Season, Old Man’s Will et surtout les « nuggets » Brown Acid), mais peu se sont penchés sur les quelques étrangetés dont Daniel Hall, patron du label, nous a gratifiés de ça de là, selon l’humeur de ses publications. Ainsi il est fortement conseillé de jeter une oreille à la bizarrerie doomy berlinoise Aleph Null ou à la sauvagerie du duo blues The Picturebooks (quel premier disque !) et désormais de se ruer sur la sortie du premier album d’un trio suédois dont le nom ne vous sera désormais plus jamais étranger : Svvamp.
A l’heure où le retour au son des 70’s est une tendance dont on ne peut globalement que se féliciter, malgré de nombreuses resucées sans saveur et pillages sans vergogne, le disque de Svvamp apparaît comme une véritable salvation. Comme l’était, en son temps, la découverte du premier album de Witchcraft. Sauf qu’au lieu de ressusciter Pentagram, les trois gamins Jönköping se réfèrent à toute une vague blues rock, mêlant groove et urgence. Creedance, Cream, Mountain, Blue Cheer… tout ici respire la gamme pentatonique et le son rond d’une basse plus caressante que galopante. Ce ne sont pas les premiers, me direz vous, à réanimer la flamme de cette époque où le rock se durcissait lentement mais sûrement, mais Svvamp le fait tout simplement mieux que les autres. Vraiment. Comme Witchcraft en son temps. Des onze titres de leur premier effort, rien à jeter, le trio trouvant même le moyen de nous proposer quelques riffs passionnés et originaux sans sortir du cadre d’une formule que l’on croyait pourtant explorée jusqu’à ses moindres recoins. Leur secret ? Le chant probablement. Il s’échappe de chaque ligne vocale comme une pulsion de vie et le fait qu’il soit l’œuvre du batteur du groupe n’y est sûrement pas étranger. Au milieu de ce voyage vers le passé, « Burning Down » et son flot de paroles noyé par les effets, s’impose comme le plus beau moment de la traversée.
Tout simplement saisissant, le premier disque de Svvamp éclabousse par sa classe et son insolente décontraction. Enregistré sur du matériel vintage, joué avec simplicité et passion, il est, en sus d’un des albums de l’année, une véritable gifle portée à ceux et celles qui ont, par fainéantise musicale, travesti la cause à grands renforts de disques calibrés et publications tièdes. Le blues, comme l’amour se vit avec passion et ne se consomme pas en pilules.
Point Vinyle.
Riding easy l’a joué soft avec 100 LPs pressés en clear, 100 en violet, 100 autres en rouge en sus du black standard heavydement.
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