Gary Arce est décidément très présent cette année dans nos oreilles. Entre ZUN et Yawning Man, le voilà qui ravive un autre de ses projets, Ten East. Vu le carnet d’adresse de ce pionnier, il est toujours intéressant d’observer de près la composition du groupe qui l’accompagne pour cette nouvelle session créative, la troisième sous le nom Ten East. On retrouve l’habitué Bill Stinson, déjà derrière les fûts chez Yawning Man. Mais voilà de nouvelles têtes, avec Erik Harbers à la basse et Pieter Holkenborg à la guitare, tous les deux en provenance du groupe Hollandais Automatic Sam. Ces joyeux drilles se sont rencontrés au Mañana Mañana Fest en 2014 où ils se sont directement mis à improviser sur scène. Visiblement, le feeling est passé tant et si bien qu’arrive ce Skyline Pressure.
Dès les premières secondes, on comprend que Arce est bien le maître à bord, aidé en cela par Harper Hug, qui était récemment derrière l’enregistrement du ZUN, et qui emmène la production clairement dans la même très bonne direction. Pour avoir jeté une oreille sur Automatic Sam, groupe plus direct que la recherche sonore intéresse visiblement, le lien est ici malgré tout peu évident. Si la basse et la seconde guitare ne sont pas en retrait, bien au contraire même dans ce mix impeccable, l’impression qu’ils se soient faits phagocytés par Arce est très forte.
On connaît la propension de Arce à rester dans sa propriété musicale bien délimitée par une haie de cactus. Les collaborations amenant pour l’auditeur un petit vent de fraicheur pour le moins, un nouveau prisme d’analyse pour le mieux. Sans parler de métamorphose, le chant en retenu de John Garcia par exemple, avait beaucoup apporté au projet ZUN, pourtant relativement classique instrumentalement.
Alors que dire de la légitimité de cette nouvelle collaboration ? Et bien d’abord que la jeunesse de l’amitié musicale qui unit le Ten East nouveau ne transparait jamais dans les soixante minutes de l’album. Il serait facile de croire que Arce est entouré d’amis de longue date, que les années à jouer ensemble transpirent continuellement. Ensuite, que le canevas proposé par les nouveaux venus est rudement bien fait. La basse sait se mettre doucement en avant avec une certaine créativité. La seconde guitare n’est elle aussi pas totalement en reste, même si elle aurait gagnée à avoir un son faisant un peu moins écho à Arce. Mais dans ce projet purement instrumental, difficile toutefois d’entendre dans les détails une réelle collaboration.
Pourtant, le morceau « Sonars And Myths » fait relativiser une partie de ce constat. Si attendus étaient les morceaux atmosphériques, celui-ci semble passer un cap en étant carrément dans le registre du contemplatif. Une vraie B.O de film possédant moins d’éléments typiques en provenance de Arce. A vos imaginaires pour combler le vide visuel. Faut-il y voir une résurgence de la matrice collaborative ? Parlons enfin du guitariste Nico Morcillo du groupe français expérimental Hifiklub, qui a participé aux trois morceaux que sont « Planet Blues », « Tangled Forest » et « Stalactite Dip ». Pour le coup, des effets de la collaboration sont là, par touches, en proposant parfois de véritables arrangements qui ressortent de façon tranchés. Clairement ce qu’il était possible d’attendre sur chaque morceau.
Le constat ne doit pourtant pas être amer. Arce reste Arce et il y a toujours quelque chose à aller chercher dans ses productions. S’il est dommage que la collaboration ne soit pas plus marquée tout au long de l’album, les quelques morceaux qui en sont imprégnés méritent en particulier une écoute attentive.
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