Arrêtons nous tout d’abord au livret. Ce qui, le premier, s’offre à l’œil. Dans un tourbillonnement de couleurs, une jeune fille étendue lascivement sur un fauteuil ahurissant nous laisse deviner son entrecuisse. Le cadre est posé. Malleus a encore frappé. Psychédélisme et sensualité. Voici, sommairement résumé, la teneur de ce disque auquel je rajouterai immédiatement un autre qualificatif : exquis. Le ton est donné avec « Ghosts & Echoes » qui ouvre le disque. Guitare wah wah et écho justement. A fond. Ce titre illustre au mieux la musique que délivrent les TAF ! Claudio y pose une voix réellement superbe. Une sorte de Josh Homme la linéarité en moins, se gardant toujours suffisamment de réserve pour laisser exploser sa voix dans des moments qui appellent davantage d’agressivité. Les guitares sont magnifiques, grasses, percutantes et amples à la fois. Les brefs solos sont toujours amenés avec fluidité, empreints de l’essence du rock’n’roll le plus chaud qui soit. Je m’abreuverai jusqu’à plus soif de celui de « Marigold » ou du riff annonciateur de « The scavenger ». S’il me fallait formuler un seul regret, ce serait peut être pour déplorer le manque d’exubérance de la batterie. Mais c’est un point de détail mineur. L’utilisation parcimonieuse de ci, de là d’une multitude d’instruments comme l’harmonica, le violoncelle, le sitar, de guitares acoustiques, de percussions confèrent à l’ensemble un cachet qui donne à penser que nous sommes là en présence d’un groupe qui a su se construire une sacrée personnalité. Un pur sang mongol dont le tempérament de feu puise ses influences dans un registre certainement aussi étendu que le désert de Gobi et du Takla-Makan réuni. C’est dire s’il revisite avec bonheur l’histoire du rock. Les influences sont perceptibles sans que l’on puisse jamais clairement les identifier. Ce qui prouve que les musiciens ont une excellente digestion. Il y a du Nebula là-dedans, du QOTSA tout autant qu’il contient du AC/DC ou du Budgie. En fait, TAF ! m’apparaît comme une sorte de Gengis Khan vorace et relax à la fois. Fier et déterminé en même temps que détendu et épicurien. Un peu à l’image du morceau qui a donné son titre à l’album. Ces italiens du sud confirment une fois de plus l’étonnante maestria de la scène de ce pays qui nous donne les groupes les plus originaux et les plus excitants du moment. Champions du Monde de rock ! (On notera que la version vinyle de cet album est en édition limitée et s’accompagne du magnifique split 45 t qu’ils avaient réalisé avec leurs potes de Nebula en 1997).
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