Autant on n’avait jamais été déçu par le groupe de Memphis, autant son précédent effort, He Dreams of Lions, nous avait mis une jolie claque en son temps (cinq ans déjà). A l’arrivée de ce quatrième opus, Love Like Machines, on était donc plutôt enthousiastes. Et l’enthousiasme s’est maintenu au fil des écoutes. Pas de changement radical dans le genre musical pratiqué en tout cas, on retrouve nos gaillards un peu où on les avait laissés, dans un heavy rock fuzzé, un peu moins psyche peut-être. Changement dans le groupe en revanche, car le trio est devenu quatuor, avec l’adjonction d’un second guitariste. On attendra de voir en live ce qu’apporte ce changement (sur album, ce n’est pas marquant, hormis quelques solos fort bienvenus).
On va se répéter : vous n’allez pas être chamboulé musicalement par ce Love Like Machines si vous connaissiez les productions précédentes du groupe. Grosses guitares, gros groove, un chant impeccable (Tripp Shumake est au dessus du lot – clairement les groupes américains misent plus souvent sur l’apport d’un vrai chanteur, et l’on entend bien la valeur ajoutée que ça apporte)… Comme d’hab’. Ce qui transparaît assez vite en revanche, c’est la maturité acquise par le groupe, qui délivre ici dix plages toutes intéressantes, variées, efficaces dans leurs genres… Comme c’est souvent le cas pour ces disques foisonnant, il faut un peu s’accrocher pour digérer tout ça et apprécier chaque chanson, car lors des premières écoutes ça part un peu dans tous les sens, et on manque de repères. Ce n’est jamais très agréable. Mais heureusement le plaisir arrive vite, et fort ! Les compos marquantes se font rapidement jour, et restent longtemps à l’esprit ensuite : on citera par exemple la très groovy “Hand of Bear”, le catchy “Bright Light” ou encore “The Profession”, petite bluette power-fuzzée du meilleur goût et chargée en soli.
Mais la crème de la crème se révèle vite à côté de ces excellents titres. On pense au très malin “Anabasis” en intro, mid-tempo très bien écrit, emmené par une intro et une conclusion en électro acoustique, autour d’un riff bien accrocheur. On pense aussi à ce délicieux mais décalé “Vera Cruz”, un titre qui ressort des tiroirs et fait sien le groove irrésistible du QOTSA de début de millénaire, pour une efficacité incroyable. Mais on pense surtout, surtout, à ce dévastateur “Made for the Age”, sur lequel le groupe transcende un riff démoniaque pour une compo redoutable, toute en guitares acérées chargées en fuzz, porté par le chant groovy de Shumake, tout en maîtrise, et un petit déluge de solo sur la fin. Un titre très difficile à oublier…
Pour les morceaux les plus atypiques, The Heavy Eyes propose des formats plus courts, plus digestes, à l’image du mid-tempo tortueux “Late Night”. Forcément tout n’a pas le même impact (on notera un “A Cat named Haku” un peu indigent), mais le niveau général est assez remarquable.
On recommandera donc sans réserve ce disque aux esthètes du stoner tendance heavy rock, aux amoureux du riff véloce et de bon goût, et plus globalement aux amateurs de compositions soignées et racées. Un très bon disque.
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